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Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/282

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LE CHANT DU SOLEIL.

53. Il faut parler de ce qui me frappa d’abord lorsque je fus arrivé dans le monde de la douleur. Des oiseaux roussis (c’étaient des âmes) voltigeaient en masse comme des moucherons.

54. Je vis voltiger et tomber sur les chemins des vallées désertes les dragons de l’espérance ; ils secouaient les ailes de manière à faire croire que le ciel et la terre allaient se fendre.

55. Je vis le cerf du soleil courir au midi ; deux individus le conduisaient. Ses pieds touchaient le sol et son bois atteignait le ciel.

56. Je vis les fils des générations chevaucher vers le Nord ; ils étaient sept ensemble, et buvaient dans des coupes pleines le pur hydromel puisé à la source des forces célestes.

57. Les vents se turent, les eaux s’arrêtèrent, et j’entendis un bruit effrayant : des femmes défigurées broyaient du terreau pour nourrir leurs maris.

58. Ces femmes, à l’aspect sinistre, tournaient tristement des meules sanglantes ; des cœurs sanglants pendaient en dehors de leurs poitrines, fatiguées par ce poids.

59. Je vis beaucoup d’hommes blessés passer par ces routes de feu ; leur visage me parut entièrement couvert du sang des femmes qu’ils avaient séduites.

60. Je vis beaucoup d’hommes qui étaient allés vers la poussière ; ils ne trouvaient pas de prières ; des