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Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/443

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le chant provocateur de gudrun.

7. Gudrun courut en souriant vers sa chambre, tira des coffres les casques royaux, de longues cottes de mailles, et les donna à ses fils. Ces beaux princes pesaient sur les épaules des chevaux.

8. Alors Hamdir, à l’esprit magnanime, chanta : « C’est ainsi vêtu que le prince du Javelot, après avoir succombé sur le champ de bataille, viendra visiter sa mère pour l’inviter à boire la bière de nos funérailles à tous, de Svanhild et de tes fils. »

9. Gudrun, la fille de Gjuke, s’éloigna en pleurant et fut s’asseoir pour raconter le sort déplorable de ses frères, et ce qui l’oppressait de bien des manières.

10. Je connais trois feux, je connais trois foyers ; j’ai été conduite vers la demeure de trois hommes ; mais Sigurd m’a semblé le meilleur de tous, lui que mes frères ont assassiné.

11. Je ne puis leur reprocher ces grandes blessures ; ils m’ont causé de plus violents chagrins encore en me donnant à Atle.

12. J’appelais ses fils pleins de vie, et ne crus être vengée de mes chagrins qu’en coupant la tête de ces descendants de Nifl.

13. Je me rendis sur le rivage ; j’étais mécontente des Normes, et voulais me soustraire à leurs persécutions ; mais les hautes vagues me soulevèrent ; je ne fus point noyée, et je pris terre pour vivre encore.