Aller au contenu

Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
430
le chant provocateur de gudrun.

14. J’entrai pour la première fois dans le lit nuptial d’un roi ; j’espérais mieux pour moi, et donnai le jour à des fils destinés à conserver l’héritage de Jonaker.

15. Mais de jeunes filles étaient assises autour de Svanhild, celle que j’aimais le mieux de tous mes enfants. Svanhild était aussi délicieuse à voir dans mes salles qu’un rayon du soleil.

16. Elle fut pourvue d’or et de joyaux avant d’être donnée par moi à la Gothie. La plus douloureuse de toutes mes afflictions, c’est de penser que les beaux cheveux de Svanhild ont été foulés dans la poussière par le pied des chevaux.

17. Cependant le chagrin que j’éprouvai en voyant enlever la victoire à mon Sigurd, tué dans son lit, me parut encore plus cruel. J’en éprouvai un bien grand en pensant que des serpents hideux avaient rongé le cœur de Gunnar, et que celui de Hœgne, le roi intrépide, avait été arraché tandis qu’il vivait encore.

18. Je me souviens d’un grand nombre d’infortunes et de douleurs ; ils ont tué Sigurd et laissé courir le poulain roux dont la course était si rapide ! Il n’y a point ici de belle-fille ni de petite-fille pour offrir des présents à Gudrun.

19. Te rappelles-tu, Sigurd, ce que nous dîmes étant ensemble dans notre lit ? Tu promettais, courageux guerrier, de revenir vers moi de la demeure des morts, et je devais t’y rejoindre.