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LE VOYAGE DE GYLFE.

et le tout fut enfermé dans un sac qu’il prit sur le dos. Skrymer marchait le premier et faisait de grands pas ; le soir il chercha un gite sous un immense chêne, et dit à Thor : « Je vais dormir, prenez le bissac et soupez ; » après quoi Skrymer s’endormit et ronfla fortement. Thor ayant pris le bissac, voulut l’ouvrir, et chose incroyable, il ne put en défaire un seul nœud, pas un des bouts de ruban ne voulut céder. Quand Thor vit qu’il lui était impossible d’ouvrir le bissac, la colère s’empara de lui, il saisit son marteau, fit un pas vers la place où Skrymer dormait, et le frappa à la tête. Le géant se réveilla, et demanda si une feuille d’arbre était tombée sur sa figure, si ses compagnons avaient soupé, et s’ils étaient prêts à se coucher. Thor répondit qu’ils allaient se livrer au repos. En effet, ils se placèrent sous un autre chêne, et je suis forcé d’avouer qu’ils ne s’endormirent pas sans crainte. Vers minuit, Thor entendit Skrymer ronfler, avec une telle force que la forêt en retentit. Alors il se leva, s’approcha de lui, leva promptement son marteau et le frappa au milieu du crâne ; le marteau lui parut profondément enfoncé dans la tête de Skrymer, qui s’éveilla et dit : « Un gland serait-il tombé sur ma figure ? Y a-t-il du nouveau, Thor ? » Thor recula vivement et répondit qu’il venait de s’éveiller, qu’il était minuit et encore temps de dormir. Thor pensa que s’il pouvait donner un troisième coup, lcgéahtne reverrait jamais le jour ; il attendit donc le moment où Skrymer serait de nou-