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LE VOYAGE DE GYLFE.

fils de Lœfœ, vit ceci, il en éprouva du chagrin, et se rendit auprès de Frigg, à Fensal, sous la forme d’une femme. Frigg demanda à cette femme si elle savait à quoi les Ases s’occupaient dans leur assemblée. « Tous attaquent Balder, dit cette femme, mais rien ne lui fait mal. » Alors Frigg répliqua : « Ni les armes ni les plantes ne peuvent lui nuire, car j’ai fait prêter serment à toutes choses. » La femme demanda : « Toutes les choses créées ont-elles juré d’épargner Balder ? » Frigg répondit : « À l’orient de Walhall est une bouture appelée Mistelten ; elle m’a paru trop jeune pour lui faire prêter serment. » La femme se retira, mais Loke déracina Mistelten, et se rendit à l’assemblée. Hœder se tenait à l’extrémité du cercle, parce qu’il était aveugle. Loke lui dit : « Pourquoi n’exerces-tu pas ton adresse contre Balder ? » Hœder répondit : « Je n’y vois pas, et n’ai point d’armes. » Loke reprit : « Tu devrais cependant contribuer comme les autres à la gloire de Balder ; je vais t’indiquer où il est, puis tu lanceras ce bâton contre lui. » Hœder prit Mistelten, et le lança dans la direction indiquée par Loke ; Balder fut traversé, et tomba à terre sans vie. Ce malheur est le plus grand qui soit arrivé aux dieux et aux hommes. Lorsque Balder tomba, les Ases restèrent muets et perdirent toute contenance ; de sorte qu’ils ne songèrent point à relever le corps. Ils se regardaient les uns les autres, tous respiraient la vengeance contre l’auteur de cette infortune ; mais il