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LE VOYAGE DE GYLFE.

sant sur le pont Gjallar, qui est pavé d’or luisant. Modgunn, la vierge chargée de la garde de ce pont, demanda à Hermod quel était son nom, sa naissance, et ajouta que le jour précédent, cinq bandes d’hommes morts avaient passé sur Gjallar : « Mais tu fais, ajouta-t-elle, autant de bruit à toi seul qu’eux tous ensemble ; tu n’as point la couleur des morts, comment se fait-il que tu suives la même route ? » Hermod répliqua : « Je me rends chez Hel pour chercher Balder ; ne l’aurais-tu point vu dans ces environs ? » Modgunn lui dit que Balder avait passé à cheval sur Gjallar ; mais que la route conduisant chez Hel était plus basse et plus au nord. Hermod continua d’avancer, et atteignit enfin la clôture du domaine de Hel. Alors il descendit de cheval, serra davantage la sangle, se remit en selle et donna de l’éperon à sa monture. Sleipner s’élança avec tant de vigueur, qu’il passa de beaucoup par-dessus la clôture. Hermod chevaucha ensuite vers le palais, descendit de cheval, et vit son frère Balder assis à la première place ; Hermod passa la nuit dans ce lieu. Le lendemain matin, il demanda à Hel la permission d’emmener Balder, et lui peignit la douleur qui régnait parmi les Ases. Hel répondit : « Nous allons voir maintenant si Balder est aussi aimé qu’on le prétend. Si toutes choses, tant vivantes que mortes, le pleurent, il lui sera permis de retourner chez les Ases ; mais si quelqu’un s’excuse et refuse de pleurer, il restera avec moi. » Hermod se leva pour partir ; Balder l’accompagna