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CHAPITRE II




Du calme de l’âme.

Toi qui te rends devant la justice, vois ce que tu veux sauver, et l’espèce de succès que tu cherches. Si tu ne veux sauver que l’accord de ton jugement et de ta volonté avec la nature, tout est sûr, tout est facile pour toi ; tu n’as rien à craindre. Car, dès que tu ne veux que sauver ce qui est en ton pouvoir, ce qui de sa nature est indépendant et libre, dès que tu ne prétends à rien de plus, de quoi as-tu à t’inquiéter encore ? Ces choses ont-elles un maître en effet ? Est-il quelqu’un qui puisse te les enlever ? Si tu veux te respecter toi-même et être honnête, qui t’en empêchera ? Si tu veux n’être jamais entravé ni contraint, qui te forcera à désirer ce que tu ne croiras pas devoir désirer, à redouter ce que tu ne croiras pas devoir redouter ? Qu’y a-t-il en effet ? On peut bien te faire des choses qui paraissent effroyables, mais comment peut-on faire que tu les subisses en les craignant ? Dès l’instant donc où le désir et la crainte sont en ta puissance, de quoi peux-tu t’inquiéter encore ? Que ce soit là ton exorde, que ce soit là ta narration, que ce soit là ta confirmation, que ce soit là ta réfutation, que ce soit là ta péroraison, que ce soit là ton moyen de te faire admirer.

C’est pour cela que Socrate répondit à celui qui