Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/425

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restreinte, appelle cela la tranquillité, et tire de ta situation le parti que tu dois en tirer: entretiens-toi avec toi-même, éprouve tes idées, et perfectionne tes notions à priori. Si tu tombes au milieu de la foule, dis-toi que ce sont des jeux, que c’est une assemblée, que c’est une fête; efforce-toi de célébrer cette fête avec les autres hommes. Est-il, en effet, plus doux spectacle pour un ami de l’humanité qu’un grand nombre d’hommes? Des troupeaux de chevaux ou de bœufs nous font plaisir à voir; c’est un plaisir que d’avoir sous les yeux un grand nombre de vaisseaux; et la vue d’un grand nombre d’hommes serait une peine! — « Mais leurs cris m’étourdissent! » — C’est une gêne pour tes oreilles. Mais à toi qu’est-ce que cela fait? Est-ce une gêne pour celle de tes facultés qui doit faire emploi des idées? Est-il quelqu’un qui t’empêche de désirer ou de craindre, de vouloir les choses ou de les repousser, conformément à la nature? Quel est le tumulte qui ait ce pouvoir?

Souviens-toi seulement de ces généralités-ci: « Qu’est-ce qui est à moi? Qu’est-ce qui n’est pas à moi? Qu’est-ce qui m’est permis? Qu’est-ce que Dieu veut que je fasse à cette heure? Qu’est-ce qu’il ne veut pas que je fasse? » Ces jours derniers il voulait que tu eusses du loisir, que tu t’entretinsses avec toi-même, que tu écrivisses sur ce sujet, que tu lusses, que tu écoutasses, que tu te préparasses; et tu as eu pour cela un temps suffisant. Aujourd’hui il te dit: « Parais dans l’arène; montre-nous ce que tu as appris, et comment tu as travaillé. Jusques à quand t’exerceras-tu tout seul? Voici le moment de connaître si tu es du