Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/453

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Celle que nous avons de lui est si confuse et si embrouillée, que c’est uniquement aux choses extérieures que nous prétendons le reconnaître. Mais est-il une autre profession dont on juge sur les vêtements et la chevelure? Quelle est celle qui n’a pas ses objets d’étude, sa matière et sa fin? Qu’est-ce qui est donc la matière du philosophe? Son manteau? Non, mais sa raison. Et quel est son but? De porter un manteau? Non, mais d’avoir une raison saine. Et quels sont les objets de ses études?[1] Les moyens d’avoir une longue barbe ou une chevelure épaisse? Non, mais bien plutôt, comme le dit Zénon, la connaissance des éléments du raisonnement, de la nature de chacun d’eux, de leurs rapports les uns avec les autres, et de ce qui en est la conséquence. Ne daigneras-tu donc pas commencer par voir si, quand il agit honteusement, il tient ce que promettait son enseigne? Ce n’est qu’après cela que tu pourrais accuser sa profession. Maintenant, au contraire, dans les moments où tu es sage toi-même, tu t’écries, lorsque tu le vois mal agir: « Voyez le philosophe! » Comme s’il était convenable d’appeler philosophe celui qui se conduit ainsi. Puis, tu ajoutes: « Est-ce que c’est là la philosophie? » Et cependant tu ne dis pas: « Voyez le charpentier! » ni « Voyez le musicien! » quand tu découvres un adultère, ou que tu surprends un gourmand sur le fait. C’est ainsi que tu comprends, jusqu’à un certain point, ce qu’il faut

  1. Le mot grec est Τα θεωρήματα. Ce qui suit ne prouve-t-il pas que nous avons eu le droit de traduire ailleurs ce même mot par la Logique, ou les questions de logique?