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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/14

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Les Entretiens

libre à une perſonne prevenuë de cent leçons de modeſtie & qui tenoit encore de la ferveur du Noviciat. Je m’apperçus qu’elle deſapprouvoit ma liberté par le ſilence qu’elle garda quelque temps & par la compoſition d’un viſage que la pudeur coloroit. Quoique je ne doute point qu’elle ne prit un plaiſir ſecret à m’entendre, elle feignit de me vouloir quitter ſous le pretexte d’un exercice regulier qui la demandoit au Dortoir. Je reconnus d’abord la faute que j’avois faite d’avoir parlé avec tant d’ouverture, mais je jugay cepandant à l’air de ſon viſage & dans ſa maniere molle de me dire adieu, qu’elle n’étoit pas ſi ſcandaliſée qu’elle ſembloit l’eſtre. Ma converſation vous offence, luy di-je, Ma chere ſœur, d’un ton languiſſant : Mais vous uſerez envers moy de cette charité chrétienne qui pardonne tout, ſi je vous avoüe ingenument & à ma confuſion que je ne changeray que tres-difficilement, que mes Directeurs me reprochent tous les jours que je ſuis toû-