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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/15

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De La Grille.

jours le même ; & qu’il me ſemble au contraire que vous avez déja atteint le degré d’une vertu tres-éminente. Ce fut alors qu’elle reprit : Ne me flattez point, mon tres-cher Pere, ne flattez point une créature ſi peu avancée dans les voyes de la grace, d’une élevation qui doit purement ſon eſtre à vôtre complaiſance ; à peine ay-je fait un pas dans la vie purgative & je ſuis la plus imparfaite de toute la Communauté.

Quoique les charmes du viſage de la ſœur Angelique & un retour de penſée ſur l’ancienne familiarité dans la quelle nous avions paſſé nôtre jeuneſſe m’animaſſent à luy repondre des plaiſanteries, je ne m’echappé point néanmoins à en debiter, jugeant bien que pour me lier avec elle d’un commerce d’amitié qui me procureroit dans la ſuite du plaiſir, je devois m’inſinüer plus delicatement dans ſon eſprit. Mes diſcours devinrent plus religieux, je me contrefis, & m’érigeay en faiſeur de reflexions ſpirituelles. Je repliquay