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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/64

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Les Entretiens

meil que je leur procurois effaceroit cette matiere de chagrin de leur eſprit & en effet elles me parurent le landemain incapables de renſſentiment. Mais, helas ! je connoiſſois mal le caractere du genie des Femmes. Moins elles me ſembloient vouloir entrer dans des ſentimens de vengeance & plus la funeſte conſpiration qu’elles braſſoient contre moy étoit-elle à craindre. Il ſeroit difficile de s’imaginer de quelles artifices elles uſerent pour tirer ſatisfaction de l’action loüable que j’avois faite & qu’elles traittoient de crime & d’attentat. Dés le landemain, elles tirerent raiſon de mon innocence de la plus cruelle maniere du monde. Je ne penſois qu’à m’aller repoſer à l’ordinaire dans ma chambre où je couchois ſeul, quand un laquais vint me rapporter que nos Dames n’avoient des penſées que pour le jeu, quoiqu’elles euſſent juré le matin de m’immoler à leur reſſentiment. J’entre dans ma chambre, j’en viſite tous les coins, j’en leve les ta-