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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/65

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De La Grille.

piſſeries. Je regarde deſſous & deſſus le lit & n’ayant découvert aucune embûche, pour ôter lieu à la ſurpriſe je ferme les verroux de la porte & me mets au lit. J’étois enſeveli dans un profond ſommeil, lors qu’environ ſur le minuit un ébranlement de chevet fit que je me reveillay en ſurſaut. J’attribuai d’abord ce reveil à l’effet d’un ſonge ; mais j’entre bien dans d’autres ſentimens lors qu’étant tout-à-fait eveillé, je ſentis mon chevet & mes oreillers dans un mouvement continuel. Tantôt ma teſte étoit élevée en haut & tantôt elle retomboit en bas ſelon le caprice de l’Eſprit corporel qui luy donnoit le branle. Ce jeu dura quelque temps. Il me cauſoit une frayeur mortelle ; Mais ce qui ajoûta à mon épouvante & qui couvrit mon corps d’une ſueur froide fut de me ſentir élevé ſur mon ſeant ſans ſçavoir quels malins eſprits ſe joüoient ainſi du pauvre ſouffleur de chandelles. La peur s’empara ſi fort de moy & je m’oubliai tellement de mon aſſurance