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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/84

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Les Entretiens

ceſſité de demeurer quelques jours dans le chateau de L… où je fus reçu de deux jeunes ſœurs qui étoient ſeules avec les domeſtiques, la Comteſſe leur Mere étant à la Cour, de la plus obligeante maniere du monde. Elles me regalerent magnifiquement & prirent un ſingulier plaiſir à ma converſation, par ce que je leur en contois des meilleures, ce qui fit qu’elles me ſervoient par tout de fidelles compagnes. Je devins ſi familier avec ces aimables Demoiſelles, qu’elles me contoient de toutes leurs petites parties de divertiſſement avec les jeunes filles de la nobleſſe des environs qui leur venoient ſouvent faire la cour. Il arriva qu’une certaine apres-dinée on joüa à la cligne-muſſette. La Cadette des deux Sœurs extremement vive & d’un âge fort ſuſceptible d’amour affectoit toûjours de ſe cacher ſous la courte-pointe de quelque lit, ce qui faiſoit que j’avois lieu, lorsqu’elle ne branloit pas de donner de certaines petites libertez à mes mains.