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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/85

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De La Grille.

L’aînée n’étoit pas d’une complexion moins amoureuſe & ſe plaiſoit à eſtre chatoüillée. Aprés nous eſtre échauffez & joüé pres d’une demi-heure je quittay ſecrettement la compagnie & m’allay jetter de laſſitude ſur des chaiſes dans une ſale en bas. Deux d’entre nos Joüeuſes qui me cherchoient à pied & à cheval me ſurprirent-là, & croyant que j’étois endormi ſe reſolurent de m’ôter mon chapeau, de me le cacher & de ne me le rendre que huit jours aprés, pour m’obliger à différer mon voyage. Je les avois entendu complotter enſemble & ſe dire l’une à l’autre, qu’il falloit que toute la compagnie des autres jeunes folles me vit en cette poſture & fuſſent temoins du tour que l’on me vouloit joüer. J’étois couché ſur le dos & j’avois mis mon chapeau plus bas que l’eſtomac, je n’eus pas pluſtôt preſſenti leur deſſein, que je donnay une liberté entiere à je-ne-ſçay-quoy que je couvris de mon chapeau ; Elles arrivent au nombre de ſept ou huit, s’etouffent de rire, s’approchent