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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/91

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De La Grille.

mais il n’eſt que trop vray, que cette même vieille s’etant éclipſée un moment, revint ſur ſes pas dire à mes deux cheres Sœurs qu’on leur interdiſoit doreſnavant le Parloir & qu’elle les vouloit bien laiſſer encore un moment en liberté pour nous dire adieu ſans précipitation, ce qu’ayant dit elle ſe retira. Lors qu’on fut certain de ſon éloignement voyant qu’il falloit faire de neceſſité vertu, il fallut ſe reſoudre à une cruelle ſeparation. Nous nous donnâmes les mains & nous nous baiſâmes de la meilleure maniere qu’il nous fut poſſible. Placidie me conjura de luy écrire un Billet doux en vers pour la divertir dans ſon accablement, ce que luy ayant promis de faire, nous nous ſeparâmes, les larmes aux yeux, le dépit dans l’ame & le projet du recouvrement de nôtre liberté dans l’eſprit. Des deux jours aprés, pour ne pas manquer de parole à Placidie, je luy écrivis en ces termes.