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Page:Les Entretiens de La grille, 1682.djvu/92

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Les Entretiens

Je croyois que de nos Amours
Nous pourions goûter les délices,
Et que nous ſerions peu de jours
Sans voir la fin de nos ſupplices ;
Mais ce vain eſpoir ma deçu
Mon cœur s’en eſt bien apperçu,
Oüy, j’aurois l’ame trop conſtante
Si j’étois toûjours dans l’attente
De poſſeder un jour un bien
Dont peut-eſtre je n’auray rien.
C’eſt pourquoy je quitte vos charmes,
Quoiqu’ils ayent de fortes armes
Ils ne retiendront pas mon cœur
Sans l’aide de quelque faveur,
Voyez ſi vous m’en voulez faire,
Je ne ſongeray qu’à vous plaire
Si vous étes dans le deſſein
De m’abandonner votre ſein.
Si non ne ſoyez pas fachée
Que mon ame ſoit detachée
De l’inutile affection
Qui chagrine ma paſſion.
Ce n’eſt pas que je ne vous aime,
Mais il n’en ſera plus de même,