Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/103

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1 NK l’KMMK I, I(H)i :. 61

ilicoiiiui. Il’iiiiliplu’i' (i Uni’ livnlité ilmil on ne pcnl (lin- .inriin iniil liiiii’ tinc i-ui<.r iiiipussihlo eiilin. !i la lionne lii’nio, on [mmiI son diinner la [itMiio. C.’osl un linl <lii ;ni’ (le lonler, et vv iiut, Alix l’uvail alleinl sans y ponstM’. ionl l<’ monde ieinon|naii raltonlioii que lui donnai ! le comte, elle seule semblail ne |)as le reinaii|uei-, ei |ki laissait même le fuir, ce i|ui donnait a Ions l’envie de la clieiclier. Ijnnia lestait [ilouyée dans ce laWyiinlIie de conjecinres, canle l’Iiomma^e de deux ou trois héros de salon dépend la place que le monde assi^’ne h une femme, et elle avait attiré près d’elle tous ceux «jui disposent ainsi de la faveur <le la mode. jus(pran moment où Alix de Verneuil. eu obtenant toute ralleiition de M. de l’raiies. avait vu se fixer sur elle l’admiration générale.

La jeune rêveuse ne bougeait plus, elle était immobile et tellement préoccupée, (|ue ce fut comme léveillée d’un sommeil profond (pi’elle s’écria avec un vif mouvement de surprise :

— Alix ! vous ici !

C’était en effet madame de Verneuil. brune pi(|uanle, à la li ;;nr<’ expressive el animée, qui répondit en riant :

— Kli bien ! ne m’altendiez-vous pas pour la promenade ? el ses regards surpris examinaient le négligé dlirama, qui auiioui ;ait l’oubli ou le cliangenient de leur projet.

— l’^l vous comptiez que j irais, et vous comptiez sans doute aussi (pie nous y rcneontieiions iI. de l’rades ?

Il avait un dédain plein d’amertume dans l’expression de la comtesse. Alix ne lepinidit pas. Lmma vit alors madame de Verneuil s’asseoir tiaii(|uillement comme i|uel(|u’un renonçant h sortir, il lui prit une violente einie de disputer.

— I’uis(|ue ous aimez le monde et les endroits où il se léunit. dit-elle. poui(|uoi donc avez-vous pris un prélexie hier pour vous dispenser de paraître a la soirée i|iii avait attiré chez moi ce (|iie l’aris offre de plus brillant f Alix sourit.

Après un moment de silence la comtesse ajouta avec impatience : — Dédaignerezous donc aussi de me répondre.

Madame de Verneuil resta encore quelques instants avant de [larler, mais les yeux de la comtesse l’interrogeaient si vivement, qu’elle finit par dire eu riant :

— J’étais souffrante, réellement soufliante, puis...

— Puis !... I éprit la comtesse pi esque avec colère.

— Vous le voulez, Emma, mais ne vous fâchez pas, répondit Alix lonjouis riaiile el maligne, je dirai tout. Moi je ne comprends pas vos salons à la mode : le plaisir y ressemble tant a l’ennui, que j’ai peur de m’y tromper. La dame du logis réunit, il est vrai, les femmes les plus aimables et les plus jolies, n ais pour les placer bien parées el bien ennuyées autour d’un salon comme des portraits de famille. La elles écoulent plus ou moins bien de la musique plus ou moins bonne dont elles ne se soucient guère. Pendant ce temps, les hommes de leur connaissance, relégués loin d’elles, dans les pièces voisines ou daus des places où ils ne peuvent les aborder, ne parlent (pi’enlie eux ou ’a la maitrese de la maison : car l’oriligalion de faire leshon-