Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/104

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neiiis (le chez elle , d’accueillir chacun avec quelques paroles île politesse, la mel seule parmi les femmesen rapport avec loules les jieisoiines qui remplissent l’appaileraenl. Elle seule s’amuse, monlre de l’espril, de la gaieté, de la grâce, pendant (jue les aulres lemmes, immobiles, ne sont la que pour servir de décoration a la pièce qu’elle joue toute seule au profil de sa vanité ; et celle brillante fêle où elle les invile ressemble plulôl à un piège qu’elle leur lend qu’à un plaisir qu’elle leur procure. Quant à moi, je fuis les amusements a la nnxie parce (jue j’aime a lu’amuser. Krama leva sur Alix des yeux malins ; les deux jeunes femmes se regardèrent alors en riant, comme ces augures romains qui ne croyaient plus qu’a deux choses : leur adresse et la sottise des autres. Puis la comtesse dit gaiement, avec cette confiance qu’amène la certitude d’être comprise :

— N’ai-je pas raison, puisque le monde n’atlmire que ceux qui se moquent de lui ? Mais, continna-l-elle, (jue fais-je de |ilus que les autres ? On s’est toujours disputé la place partout. Dès qu’il y a eu deux hommes sur la terre, l’un tua l’aulre pour rester le premier. Depuis ce temps, il n’y a pas eu de triomphe sans victimes. Et quand j’immolerais quelques vanités ;i la mienne le grand mal ! Au reste, il y a des femmes qui, en voulant plaire à tous, cherchent encore a régner sans partage sur un seul ; et si Alix n’a point paru à ma soirée, c’est peut-être parce qu’un autre n’y devait point paraître, ajouta la comtesse d’un petit air railleur qui fit dire étourdiment’a madame de Verneuil impatientée ;

— Si je l’avais su, je me serais sans doute décidée a venir. Il y eut un moment de silence. Alix rougit, embarrassée et inquiète de son étourderie ; Emma comprit alors qu’un secret existait, et devina en même temps la possibilité d’en tirer parti.

— Je n’ai nommé personne, s’écria-l-elle en riant ; mais il paraît que le comte de Prades est tellement présent a votre pensée, que son nom répond toujours à la question qu’on fait a votre cœur !

— Quelle folie ! dit Alix en éclatant de rire. Moi qui le fuis... I. a comtesse reprit : — On ne fuit que ceux qu’on craint... On ne craint quelqu’un (pie par haine ou par amour. .. Alix n’écoulait plus, elle s’était levée et cherchait autour de la chambre quelque chose inqiossible h trouvei’. Alors Emma, après s’être placée si adroitement devant la glace de sa toilette, que ses regards pouvaient suivre tous les mouvements d’Alix, d’un air plein d’insouciance malicieuse continua ainsi en jouant avec les nieuds de sa ceinture :

— Le comte de Prades est beau, spirituel même ; ce qui est rare de notre lemps pour un homme à la mode. Les gens d’esprit maintenant, au lieu de s’en prendre aux femmes, s’en prennent aux gouvernements. La société y perd beaucoup d’un (^ôté, et n’y gagne pas grand’chose de l’autre ; mais enfin c’est comme cela. Aussi, ipiand il nous reste un homme d’esprit d’une figure agréable, Dieu sait conimenous le gâtons ; el M. de Prades est bien le plus gâté de tous ! N’est-il pas vrai ? Alix ne répondit pas ; la comtesse reprit sans s’inipiiéter de son silence :

— Accoutumé dès l’enfance à l’admiration, il a l’air de la mépriser ; habiluéaux (■(i(|uellrries. il prétend fiu’il les dédaigne : gàli’ |i(Mit-rlic par île plus tendres alfec-