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niai londt’i's. ei lui
Ali l’iail loiijdiiisdaiis le fond de la chambre : le ton dédaifïneux d’Kiniua la blessa
sans doiHo, car elle rinterroinpil viveiuenl.
— On ne reprochera certainement pas l’alTcctation au comte de Pi’ades : sa franchise.
.. la loauté de son caractère., la vérité de ses discours...
Klle s’aiièla. car elle senlil qu’elle le louait beaucoup pour un honiuie (|u on
luit. Son amie continua sans faire aucune remari|ue :
— Lui... d’ailleurs, a prouvéqu’il élail capable d’un vil cl cliiiabic allaclicmcnt ; et
son indifférence pour ce (pii l’entoure vient de ses reniels pour ce qu’il a perdu ..
Je le sais... moi., il a aimé. . il aime encore une femme belle et dij ;nc damoLir.
En ce moment tous les effoils d’Emma étaient vains : elle ne pouvait apercevoir le
visaiie d’Ali. qui lournail le dos "a la glace, et se penchait sur une pelile (able on se
Irouvaicnl quelques gravures éparses.
Alors Emma continua ’a parler de cet amour inconnu et exclusif... s’arrèlant quelquefois,
puis inleirogeani .lix. ipii lépondail quelques mois rares cl insignilianls. ..
Dans un numicnl de silence, la comtesse se leva, marcha h’géreuienl sur le moelleux
tapis sans être entendue d’Alix ; et quand celle-ci. toujours baissée sur les gravures
i|n’elle avait l’air de regarder, disait machinalement :
« Quoi ! vous pensez ?.. — elle se sentit prise vivement par la taille. C’était Kmnia
ijui disait en riant ;— Je pense... Alix... je pense... c|ue vous aimez le comte de
l’rades.
Alix, se tournant subitement vers le jour par un mouvement involontaire de surprise,
laissa voirsa jolie figure toute rouge et troublée, où brillaient (]uelques larmes,
et fit un cri de frayeur et d’étonnement, pendant qu’Enmia faisait un cri de joie :
car ce n’était plus une rivale pour une coquette, cette femme qu’un regret d’amour
faisait pleurer I
Elle entraîna son amie sur la pelile causeuse bleue, la lit asseoir près d’elle, attira
sa confiance par des paroles caressantes ; et après ces mots inutiles, ces phrases inachevées
et ces demi-confidences qui précèdent un aveu réel. Alix dit enfin :
— Avant mon mariage, il y a quatre ans... aux eaux de Baden avec ma tante, je
connus le comte de Prades. Pendant six semaines, il ne nous quitta pas... Près de
lui je me trouvais si heureuse, que je me croyais aimée.
Ma tante recul ma confidence ’a la veille du départ ; et le jour même, le soir, elle
parla devant moi, <levant lui, de tendresse, de liens éternels d’attachement... Que
sais-je ? ma tante voulait connaître les idées du comte. Comme elles répondirent peu
à son attente et "a la mienne ! . Il se moqua des affections sérieuses, des senlimenls
vrais, prélendit impossible pour lui d’en jamais éprouver, se montra tel qu’il était. . .
indifférent, curieux, moqueur.
Glacée par ses railleries, je n’eus pas l’idée de lui apprendre notre départ. Le lendemain
nous quittâmes Baden, ma tante et moi. Mon père m attendait "a Paris avec
un mariage arrangé et convenable ; il m’était impossible d’aimer personne, mais
l’obéis "a mon père, et quinze jours après j’épousai M. de Verneuil. Je partis pour