Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/150

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i)<s Li- :s DIjGHESSES.

pierreries de couleurs varli’es daus le diadème ou bandeau de ladite couronne, ee qui ne manquait pas d’éblouir les passants quand les panneaux du carrosse avaient fté blasonnés pnr le sieur Ouvray , lequel excellait aussi dans l’ajustement des manteaux iKTaldiques, ainsi qu’il appert des principaux écrils de ce temps-h"). Les hermines étaient réservées pour les personnes ducales ; car il est bon d’avertir que si les présidents ; mortier se donnaient les airs d’étaler un manteau sous leurs armoiries, c’était une usurpation criante , et du reste ils n’étaient jamais doublés d’Iiamiiic momhclcc, ces nianleaux de robe rouge, cl c’était pour la corporalion des duchesses une fiche de consolation. Il n’était pas encore question de M"’ Hondot , qui a fait recouvrir le parquet de son cabinet le plus intime avec un tapis d’hermine mouchetée. — C’est un véritable manteau ducal , à ce que disent les jeunes messieurs de ce temps-ci.

Depuis Molière , il y a toujours eu plusieurs variétés parmi les fagots ; mais aujourd’hui, la diversité qui se fait remarquer entre les duchesses est bien autrement tranchée que celle qu’on pourrait trouver entre des fagots, des bourrées et des colrels. Afin de parler sur un pareil article avec toute l’exactitude qu’il réclame, il faudrait peut-être commencer par diviser et subdiviser les duchesses, ainsi que toutes les substances organisées , et tous les autres sujets d’histoire naturelle , c’esl-i-dire , au moyen de la classe , du genre, de l’espèce et des variétés dans chacune de ces divisions. La duchesse de première classe ou d’un genre primitif est évidemment celle de l’ancien régime, et la duchesse de rang secondaire est celle de la restauration. La duchesse de l’empire est sur la troisième ligne , A ce qu’il nous semble. Parmi les ingt-sept ou vingt-huit duchesses de la haute noblessp , il n’y en a qu’une ou deux qui prennent des loges aux Italiens ; il y en a deux ou trois qui vont au spectacle une ou deux fois pendant le carnaval ; il y en a dix ou douze qui ne sortent presque jamais de leur noble quartier , de ce paisible, aristocratique et vertueux carré qui se trouve inclus entre les rues des Saiuts-Pères et de Vaugirard , entre l’esplanade des Invalides et le quai d’Orsay, sans parler ici du quai des Théatins, que jilusieurs personnes appellent aujouid’hui le ((uai Voltaire. (Juand il est question d’aller, ;ï la fin de janvier, faire une tournée de visites au faubourg Saint -Honoré, on dirait qu’on se trouve A Hayonue, et qu’on entend parler d’un voyage A Terrc-lNeuve.

Il y avait une fois une pauvre duciiesse ’a qui M. Trousseau , médeciu lar ; ngipharmaque , avait ordonné de transporter ses pénates A la Chaussée-d’.iitin , parce (pi’elle était menacée d’une laryngite, et ])our être préservée du vent du nord, ; l’abri de la butte .Montmartre. Elle avait l’avantage et l’agrément d’être logée dans le voisinage de ce docteur ; mais on n’a jamais vu femme de qualité plus dépaysée, plus mortifiée, ni plus abîmée dans les douleurs de l’ostracisme. Elle en est morte au bout de la semaine, épuisée par ses lamentations.

On cimnail une duchesse de la restauration qui s’arrange très-bien de la révolution de juillet , parce qu’elle est à la tête d’une laiterie ; mais tout le quartier du Luxembourg en est dans la jubilation , i)arce que le produit de ses vaches est toujours de tres-bou aloi. C’est un point de fait incontestable, une chose avérée, nous nous