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110 LE MEDECIN.

des philuboiihes (|ui ii’eiilcndenl rii’ii A l ;i iiiiMtcine, ou ûv^ iaadeiiiiik’iis qui l’envisagent ; un point de ue par trop constitutionnel. Aussi les grandes question d’hygiène et dcsalubilté publique sont-elles moins avancées chez nous que chez les anciens, généralement dépourvus de grands médecins. Je m’éloigne ici de mon cadre, mais il me semble ([ue j’ me rapproche de la vérité.

Entrons maintenant dans le msnde à la suite du niMcci.i , comme lui , le chapeau à la main , mais avec l’intention perfide d’anatomiser chaque individualité. Sur le premier degré de l’échlle médicale est placé le médecin de cour, personnage multiple. — La cour a plusieurs médecins , l’habit à la française est plaié en première ligne dans sa thérapeutique, il ne Iciiiiitte point tant que sa clientèle le retient dans le faubourg Saint-Honoré ou dans les riches hôtels de la Chaussée-d’.Antin. Tout ce qui peut payer noblement veut être traité de même. Grâce au médecin de cour, l’anecdote de salon pénètre jusipi’au chftteau : il ne dit jamais que la moitié de ce qu’il sait. Sa clientèle de Paris est toujours malade autre part , et on le consulte moins sur les maladies que l’on a que sur celles qu’il a dû guérir ailleurs ; un mot de lui contient le bulletin des affections que l’on doit se permettre ; ses ordonnances sont des ordres du jour. (_)uicouque n’est jias médecin de cour l’a été du premier consul , ou espère l’être tôt ou tard d’un dictateur.

Cette distinction se confond fréquemment avec celle du médecin professeur. Aucune existence que nous sachions n’est i)lus variée , i)lus complète, que celle du médecin professeur. Faire marcher de front les intérêts de la science et ceux de sa fortune, avoir une clientèle et un auditoire, être obligé de révéler mille secrets au nom de l’art , n’en laisser échapper aucun par égard pour ses clients , avoir sa popularité de professeur et sa renommée de médecin à faire fleurir l’une par l’autre, être profond A la Faculté, léger et superficiel dans un salon : tel est son rôle de tous les jours. Le médecin professeur possède, outre sa chaire, une clinique dans un hôpital ; il est au moins chef de service. La douleur lui apparaît sous toutes les faces, hideuse et agonisante sur un grabat , coquette et parée dans le boudoir d’une femme élégante. D’un hôpital, ce purgatoire de la souffrance physique et morale, il passe dans un somptueux hôtel , Éden de la maladie. Cette vie si contrastée de Paris , il la sait tout entière , les tableaux les plus sombres de Ribeira sont à ses yeux une réalité ; il connaît également les touches religieuses et mélancoliques de Murillo. Un palais et une léproserie , voilà le monde pour lui. 11 est médecin dans son hôpital , sec , dur, brutal par nécessité ; il est médecin de bonne compagnie près du lit d’une grande dame. Dans ses salles, le matin , il est roi ; dans ses visites du soir, c’est une royauté constitutionnelle tout au plus.

Le grand monde possède encore dans le médecin des eaux une garantie pour ceux qui s’aventurent, sur la foi des sites et des douches sullureuses, jusque dans le sein des Pyrénées. Le médecin des eaux part avec ses malades des les premiers jours du mois de juin ; il est chargé de procurer des eaux à ses malades, et des malades à ses eaux. Moitié administrateur, moitié savant, il a plus à faire que Mo’ise au sein du désert. La parole de celui-ci était commode ; pourvu que les Hébreux eussent un puits, ils ne s’informaient pas si l’eau était plus ou moins carbonatéc. Pour le médecin