Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/210

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(46 LK HAMdNKl.I !.

t’I dans lit banlieue, assaillenl à rlia(|iie lelai les poilières des dilij ;eiires ; inleiiniiiable caravane de joueurs de vielle, de pelils elianleiiis , de iininlti lus de chiens , de singes apprivoisés, de renards, de lorlues, de souris, de niMluts, de beielles, de inarniolles. Celle classe d"eiif ;uils, qui a|i|iarlii’ii( exclnsivenienl au vaj ;aliiindage, n’a rien ou presque lien de commun avec le ramoneur [iroprenienl dit ; elle représente les frelons de celle colonie travailleuse. Par ses iialiiludes de fainéantise, sa misère comédienne, son laz./aronisme incarné, elle revient de plein droit à la plume chargée de retracer dans celle galeiic les masques rusés cl les manœuvres si curieuses de la mendicilé parisienne.

On s’est beaucoui) apitoyé sur le destin du ramoneur ; mais c’est prineipalemeni sur les raïuoneurs qui ne i-amnnent pas qu’est tombée la sensibilité des faiseurs de romances , de tableaux de genre, d’acuiarelles, d’élégies et d’opéras-eomiqnes. On a beaucoup trop plaint ces demandetus de iielils sons, de pelils liards, de morceaux de pain, ces pelils vagabonds qui passent leur journée à se chauffer au soleil, et (|uaud le soleil est caché . à apnslroplier rliaqnc passaul qu’ils appellent indifféremmcul mon liciilciinni ou mon gciu-ral. Un ne s’est pas assez ucciqié , ce me semble, du ramoneur authentique, avéré, |iris dans l’exercice de ses fonctions, de l’enfant de huit (Ui dix ans (pi’ou lance dans rintéiieiu’ d’une cheminée à lui âge on sou cœur n’est pas encore aguerri contre la peur des lénèbres, à une heure ou ses yeux ne sont IcinjoLu-s jias bien ouverts même au j.raud solril. — Allons, courage, petit, figureloi ipie tu escalades la plus Jolie colline du Piémont ou de la Savoie.— El il faul (|u’il se résigne à devenir, peudani iu ;e heure oli deux, muel, aveugle, et presque assourdi par la suie, à s’ensevelir lout vivant dans une esjjèce de bière ; il faul qu’il grimpe, gratte, se hisse et se cramponne, jns(|u’A ce que le garçon fumiste qui l’attend sur le toit ait aperçu le bout de son petit museau barbouillé. Alors son expédition est finie ; ou lui donne à peine le temps de se dégourdir, d’élerinier et de se secouer comme un caniche (pii sort de l’eau, puis on lui fait recommeuceidans une cheminée voisine une manœuvre dLi même genre. Ces ascensions téfu’-bieuses ne sont pas toujours sans |iéril,car il est plus d’iuie cheminée moderne c(uislruile sur de telles |irop(utions (pie la fumée y passe avec peine, séjourne même le plus souvent et y regimbe opiniàlrémcnl au nez du locataire. Moins récalrilranl que la fumée du propriétaire, le raïuoueur, lui, passe el s’insinue par les détib’s les plus élroils, mais souveul aussi il y reste, il s’y Ironve emprisonné comme dans un traquenard ; alors, il appelle, il crie : Au secours ! el il n’y a souvent pas d’aulie ressource iiour l’extraire de cet élau que de démolir la cheminée. Ouelque-fois aussi, et cela est bleu triste à dire, il arrive qu’il n’a même jias le temps décrier, sa poitrine s’embarrasse, ses poumons jeunes el délicats demandent en vain le grand air, l’air libre ; ses forces s’épuisent, il va mourir asphyxié. Les enfants devraient tous mourir sur le sein ou contre la jnui- de leur iiiéie ; lui. est mort seul, sans soleil , sans un dernier baiser du gi ai :d jour. Voyez-le : son boniiel de laine esl à jamais incliné sur son épaule ; vous diriez un oiseau qu’on a trouvé murl dans son nid ; sa main esl déjà tiède et fermée, sa bouche estentr’ouverle, mais la petitechansou du |iays n’eu sortira |iliis. Faiseurs d’aquarelles, préparez celle fois vol re douce