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150 LK KAMONEUR.

d’Iieiireuses moissons, de beaux et grands fleuves, de gais vignobles, la ressource du commerce et de l’industrie, moins de nalure mais plus de culture : alors, vous ne la verrez plus confier ses agneaux à ces pasleuis iutldèles (jui les tondent, et vemlent leur jeune toison avant même qu’elle ait eu le temps de pousser. Donnez aux ramoneurs savoyards eux-mêmes un autre caractère, un sang plus vif, plus de sève, plus d’esprit naturel ; détruisez en eux ces penchants invincibles à la fainéantise, et même à la mendicilé, car il n’est «jue tro|» vrai (pril va du levain mendtani chez tout ramoneur savoyard, qu’il est sujet à grelotter et à gémir autant par habitude que par besoin , et ce penchant n’est que trop bien entretenu en lui par le traitement que son mattre lui fait subir. Mais il faut songer aussi que c’est là une colonie déjà pauvre et souffreteuse qui nous est envoyée, et que cette misèie est une exploitation savoyarde et non française ; et voilà poin(pioi les fondations d’établissements publics réclamées en faveur des jeiuies Savoyards n’ont jamais eu d’effet : cela était conforme aux vœux de l’humanilé, mais non aux lois de l’économie nationale. Ce n’est pas lorsque nos maisons d’orphelins, nos salles d’asile, et même nos maisons de détention du genre de la prison de la Roquette, sont encombrées d’enfants français, i|ue l’on peut réclamer opporlnnémerd une nouvelle fondation en faveur d’enfants étrangers. Tout en recoiuiaissant et flétrissant l’odieuse exploitation de la maîtrise, on n’a pu et du peut-être se borner jusqu’à présent envers les jeunes Savoyards qu’à des actes de charité partielle.

Quand l’Iiiver est fini, que les papillons et les parfums de violettes recommencent à volliger dans le ciel , qu’il n"y a plus , par conséquent , de cheminées à ramoner , les ramoneurs s’en retournent au pays sous la conduite de leurs mattres ; mais on en voit beaucoup rester à Paris, aliandonnés à eux-mêmes, sans direction, sans moyens d’existence, et delà tant de mendiants el de vagabonds.

Cependant , à propos de ces départs de ramoneurs savoyards , nous aurions voulu trouver dans les bourgs et les villages qui environnent Salanciies, car c’est de là (|u’ils viennent presque tous, quelque fêle, une solennilé naïve, une niesse, un gala, des danses avec un triangle et la cornemuse, que sais-je ? quelque chose dans le genre des bourrées d’Auvergne, pour célébrer le départ en masse du printemps et de l’aurore de la Savoie, représenlé par ces jeimes bannis ; puis, dans le lointain, je ne sais (|Uoi de patriotique, un souvenir du ciel et des inonlagnes, comme un ranz de vaches, qui semblerait leur dire : Adieu, petits enfants, grandissez, enrichissez-vous, soyez sages, prudenls,el revenez-nous bien vite. Puis les mères pleureraient à chaudes larmes, en endji-assani leur dernier né, les vaches mngiraienl parce (pi’elles ont perdu leurs pelits bouviers , les brebis bêleraient pour dire adieu à leurs |)àlres. Quelques personnes croient (|u’à répotfue du départ des jeunes Savoyards, le curé du pays, saint Vincent de Paul campagnard, ou le pendant du vicaire saxoyaid de Housseau, monte en chaire et adresse à sesjeunes ouailles tnie exhorlation relative auxécueilsde Paris, aux devoirs qui les y attendent, à la conduite qu’ils y devront mener : nous voudrions ((ue tout cela fût vrai dans l’intérêt même de celte peinture. Mais on nous a demandé le portrait cridi(pie el non l’églogue du ramonein- ; or , nous devons dire ipie les fêles villageoises, ces danses el rondes savoar<les , ces