Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/22

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Vous avez donc-, a ce sujet, a uous racouter les voies uouvelles île la lorluiie, la banque, la bourse, les actions, les actionnaires, les annonces, les prospectus, les faillites, les rabais, les misères, les spéculations sans tin sur le rien et sur le vide, et autres commerces que ce bon dix-neuvième siècle a gardés pour lui-même, ne voulant pas s’exposer a la malédiction des siècles a venir.

Vous avez dit, à propos de ce chapitre elïacé, de la Cour, que la race des iirands est perdue. Il est vrai qu’avec M. le prince de Talleyrand est mort le dernier gentilhomme de ce pays cm(ruTO ?n«(f constitutionnel. Ne cherchez donc |ilus cette race a part de gens heureux qui étaient de toute nécessité les seuls riches, les seuls braves, qui avaient a eux seuls les riches ameublements, la bonne chère, les beaux chevaux ; comme aussi ne chercliez plus ni les rieurs, ni les nains, ni les bouffons, ni les llatleurs qui les amusaient : la race est perdue, et en son lieu et place s’est élevée, tout armée de ses droits et de ses pouvoirs, la grande nation des épiciers.

L’homme d’argent a remplacé le grand seigneur. Aujourd’hui, c’est l’homme d’argent (|ui se pi(]ue d’ouvrir une allée dans une forêt, de soutenir des terres par de longues murailles, de dorer des plafonds, de faire venir dix pouces d’eau, de meubler une orangerie ; mais dejendre un cœur content, de combler une âme de joie, de prévenir des extrêmes besoins ou d’y remédier, la supériorité des hommes d’argent de nos jours, non plus que des grands seigneurs d’autrefois, ne s’étend pas jusque-là. Mais, |)our n’avoir pas ce qu’on appelle vulgairement de grands seigneurs, notre épo(piea pourtant ce (pi’elle appelle ses grands honmies. Ceux-là sont si heureux, qu’ils n’essuient pas, même dans toute leur vie, la moindre contrariété, du moins, tant qu’ils obéissent aux passions populaires, dont ils sont les très-humbles esclaves. Ils font le métier d’un drapeau dans des mains habiles : comme les grands d’autrefois ils croient seuls être parfaits, ils ne sont jamais que sur un pied, mobiles comme le mercure : on les loue pour marquer qu’on les voit de près. Malheureusement ce sont des grandeurs viagères ; un rien les a créées, un rien les tue : moins que rien ! une boule noire dans une élection ou un article de journal. Ce sont là certainement de notables différences, et qu’il seia tiès-bon de signaler, chemin faisant, dans l’étude des mœurs. Quant au cbapitre du Souverain, dans les Caractères de La Bruyère, qui a été longtemps le dernier mot delà science politique et de l’oiiposition, j’aurais trop beau jeu à vous faire reniar(|uer quel profond aliinie sépare ce chapitre, écrit en plein Versailles, de la Charte de 1831^. Ce seul mol, la Chaile. le gouvernement représentatif a créé chez iious.cl ((unrne par euchantemenl, toute une série