Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/272

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I !M ; la CIIAiNOIM’SSE.

lie Imiit. Avoc un prince, il n’y a pas île iliiile, il n’y a que des conquêtes. N’ayant li’anlies piincipos de veilu que des principes de vanité, elle craindrait peu de jouer avec Jupiter le rôle d’Iùirope, d’AIcmèue, ou de Danaé ; niais elle n’accepleiait pas d’être Vénus, s’il lui fallait épouser le serrurier Vulcain. Le costume de la dianoinesse est en harmonie avec toute sa manière d’être, c’est-iidire qu’il est sans harmonie avec le milieu social qu’elle recherche. Dans l’ensemble de sa toilette, elle est toujours en arrière sur la mode ; dans les détails, elle vise à ce qu’il y a de plus nouveau. Ses honnels seront de la veille, son fichu, sa collerette, sa «uimpe seront du dernier genre, et sa lohe aura une coupe surannée, lîlle a résisié avec en têlemen taux manches à gigot, et elle a été des premières a potier une fiorella ; elle a combattu avec ardeur le retour des manches plates, et elle s’est coiffée avec enthousiasme du bonnet à la paysanne : aujourd’hui, elle ne porte pas encore de volants, et déjà elle a épuisé le bonnet a barbes. Au reste, comme, à part ce qu’elle appelle les chiffons, elle affecte une grande sévérité de mise, elle a adopté, comme type de cette sévérité, la robe de satin noir : c’est la seule chose qui n’ait pas lassé sa lidélité. Même depuis que la robe de salin est descendue dans la rue, la clianoinesse ne l’a pas abandonnée. Le reste de sa personne la garantit contre les méprises. Kntre/ maintenant dans le boudoir de la clianoinesse : vous trouverez com ?ne partout les mêmes contrastes. Sur la cheminée, l’agneau sans tache sculpté eu albâtre blanc est couché entre deu. vases étrusques ornés de faunes el de satyres. Un piie-Dieu gothique fait pendanta une chiffonnière en palissandre ; des statuettes de Pradier ligureutacôtédechérul)insdu moyen âge. Dans le fond d’une alcôve ’a demi close jiai’ les plis ondoyants d’une drapeiie soyeuse, s’élève un vaste crucifix : a l’un des angles est suspendu un bénitier de la renaissance, a l’autre se voit une statue de la Vierge immaculée, et au |)ied de ces saintes images, un voluptueux divau semble inviter h des pensées qui n’ont rien de virginal. De chaque côté de la cheminée sont placées deux élégantes petites bibliothèques en citronnier, fermées par des panneaux dont les glaces sont doublées en taffetas bleu de ciel. L’une reste toujours entr’ouverte, el laisse apercevoir des livres de piélé, dont les riches dorures et les reliures éclatantes sont encore dans toute leur fraîcheur ; l’autre, soigneusement fermée, semble avare de ses mystérieux trésors. Les initiés prétendent qu’elle renferme les œuvres complètes de George Sand et de Balzac. De méchantes gens parlent de Crébillon lils. Depuis (ju’elle a été affranchie pai- son enliée dans les ordres, la clianoinesse reçoit beaucoup, reçoit avec faste, et n’ignore pas qu’un puissant moyen d’attraction est un bon cuisinier. Aussi ne manque-t-il rieu à la partie matérielle des repas ; mais ce que l’on peut appeler la partie intellectuelle, c’est-à-dire le vin, y est déteslable. Tour la constitution d’une bonne cave, il faut un maitre de maison . Or, le père de la clianoinesse adepuis longtemps abdiqué ; il ne figure "a table que comme un comparse obligé. Au surplus, les repas y sont gais, les hommes assez aimables, et les femmes assorties pour satisfaire les goûls modestes : car la mailresse de la maison redoute avant toiil les supériorités féminines.

Aussi le personnel des femmes se renouvelle-l-il souvent : en effet, même la plus médiiHie n’acieple pas loni ;(emps un rôle secondaire, el celle qui pai- nature a besoin