Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/304

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2-i2 LIi CHASSKUli.

veilcs de guiits beurre frais, s’élance dans son tilbury atlelé d’un su|.iiii(’ clieviii qui brûle de fendre l’air. Il lâche les nuides, on paît : à peine si le groom, aussi bizarrement accoutré que le maître, a eu le temps de «rimper sans être broyé par la roue. Qu’importe un groom de plus ou de moins ? Il fallait partir au galop ; on avait aperçu deux dames aux fenêtres, il était nécessaire de se poser, de se faire voir emporlé par un cheval indomptable. Qui sait ? peut-être cette émotion produite aujourd’hui rapportera-t-elie demain quelque chose ?

Il ai rive, et déjà la chasse du malin est terminée ; de toutes paris on se dirige veis l’auberge isolée où le déjeuner se prépare. Le fashionable trouve l’idée ingé nieuse ; il a faim ; il chassera plus tard. Quel est cet homme déguenillé qu’il rencontre en mettant pied a teire ? Ses guêtres ia|)iécetées sont retenues par des Ucelles en guise de boucles ; son pantalon, sa blouse, oui perdu leur couleur primitive : il est armé d’un vieux fusil lourd ; sa carnassière semble tomber en lambeaux, et le baudrier (|ui l ;i retient paraît être fait avec de l’amadou. Cet homme est un chasseur. Ku le voyant côte à côte avec le fashionable, ou dirait qu’il s’est placé là pour faire anlithèse. Tous les deux sontcontenlsdeleurrôle. « J’en paraîtrai plus beau par l’effet du contraste, dit l’un.— J’aurai l’air meilleur chasseur ii côté de ce frelu(|ucl, » dit l’autre. Si vous alliez croire que cet homme déguenillé, ce mendiant armé d’un fusil est un pauvre diable ainsi vêtu parce que son tailleur refuse de lui ’faiie crédit, vous seriez dans une erreur grave. Ce chasseur est le propriétaire du château que vous apercevez au bout de la plaine ; il a des mines de charbon, des lilalures de laine, des hauts fomneaux, et même il galvanise le fer. Il a lu le Clinsseiir au rliien d’airél , le. Chasseur au c/iien courant, l’Aliiiatiacli des clianseurs, et comme dans ces trois ouvrages l’auteur tond)e ii bras raccourci sur les fashionables, qui meltent le même luxe "a leur costume de chasse qu’à leurs habits de bal , il a donné dans l’excès contraire. Il professe le plus souverain mépris pour’ un homme arméd’un fusil brillant, vêtu d’une blouse propre. Une carnassièie neuve lui fait horreur ; celle <iu’il acheta il l’a changée contre la vieille qu’il poi te ; pendant vingt ans elle a voyagé sur les épaules d’un garde, et de nobles traces indiquent le gibier de toute espèce qu’elle a contenu. Ceux qui ne connaissent point ce vieux chasseiu’ novice disent en le voyant passer : « VoiPa un gaillard qui en tue plus lui seul (|ue tous les autres ensemble. » Ces propos l’amusent, le rendent lier, et lui réjouissent l’âme. Sa manie est (|u’on le croie chasseur adroit, chasseur expérimenté, dur ’a la fatigue ; il veut se donner un air braconnier comme tel jeune homme de votre connaissance espère qu’on va le prendre pmir un mauvais sujet dès qu’il porle des moustaches, et du moulent (|n’il parvient à funiei’ un cigare sans avoir mal au cœur. Ces deux chasseurs tiennent le haut et le bas de l’échelle : opposés quant au costume, ils se ressemblent par leur maladresse et par leur ii ;noiance. Autour d’eux viennent se grouper une inlinilé d’amateurs ne difféiant les nus des anires cpie par de légères demi teintes, l’eu à peu. en abandnnnani les elié ?nilés de ( haipie bout ,