Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/388

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2’JO LK POSTILLOiN.

C’élail beau, en tffi’l, de oir ce postillon à la vesit* bleue, aux parenienls rouges brodés d’argent et couverts d’inie innombrable quantité de boutons, à la culotte de peau, aux grandes botles éperonnées, le cliapeau de cuir sur le coin de l’œil, la verge dans une main , la bride du porteur dans Taulri’, guider d’un bras ferme ciu(i cbevaux lancés au triple galop !

La sûreté des voyageurs gagne, dit-on , au mode de couduile prescpie généralemenl adopté nujourd’iuii : c’est donc bien qu’on le préfère. Mais ou ne |)eut nier que la lenue cxlérieiu’e, (|ue l’ainour-pi’opre de riiomnie, si nécessaire en toule cliose, que l’iniifiirnic, quoii]ue officiellement demeuré le niénie,n’y aient considérablement perdu. Sans catogan et sans bulles fortes , le poslillon n’esl plus que l’ombre de lui-même ; je l’aimerais prescpie nulant eu bas de soie, eu ganis beurre frais et en per-Mupie à la Louis XIV...

«Olié ! père Thomas ! obé ! v’ià une posie qu’arrive ! — J’ai d’Ia cliance aujourd’hui , • lépoiul l’ancien , dont c’est le tour à mouler.

Kn effet , le son lointain des roues suffisait pniu- faire reconuailre une chaise de poste à une oreille exercée, et les triples appels du fouet indiquaient clairement que lebow-geois qu’elle renfermait payait les guides au maximum. I»aus ce cas , les chevaux sont lestement garnis et sortis à l’avaucebors de la grande porte.

Le relayage s’opère donc en un clin d'a>il , cl nous laisse ;’i peine le temps de dislinguer le voyageur assis dans la voilure ; cependant , à ses bottes à l’écuyère ostensiblement placées près d’ lui , on reconnaît un courrier de cabinet ou de conunerce.

— Oui, un courrier : c’est ainsi qu’ils voyagent généralement. Noire délicatesse ne s’accommode plus des coLU’ses à franc étrier, et rien de plus rare à renconirer aujourd’hui sur nos routes qu’un courrier pro)jremenl dil. Le |)ère Thomas est prêt ; une mèche neuve a é !é lestement ajoutée à son fouet Jr malle ; il part, faisant à son toiu’ résonner l’air de ses r/(V’.s-c/nr.ï les plus harmonieux.

C’csl ici le lieu de faii-e observer que la langue du fouel est d’un usage universel parmi les postillons. Sur la grande roule, endormi dans sa charrette, un voilurier du pays, un ami tarde-1-il à livrer passage ? une salve prolongée le rappelle affectueusement à son devoir ; un l’oulier nial-appris mel-il trop de lenleur à céder la moitié (lu jiavé ? le fouel, plus rude alors dans ses éclals , lui ordonne de se liàlcr ; liésite-t-il encore ? — le f(UK’l,au passage, lui lance un ;; admonilion des plus vives à la figure.

Sans le fouet , conuiieiit indiquer la générosité des voyageurs (juc l’on conduit ? coniment dire s’ils payent les guides à la milord , à iordiuaire ou au règlement : seul, dans son langage convcnliomiel , il sert de base à la célérilé du service à leur égard.

On racoiile à ce sujet un ;; anecdote assez singulière. Un plaisant paria, il y a (pielques années, aller en posIe de l’aris à Bordeaux, d ;ius le laps de temps le plus ciuirl . en ne payant cepeiidanl aux poslillons que les

•") cralime- ; de pour bojrc rigoureii^riue
il dii> p ;u’ clie.al.