Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/428

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m L’ECCLESIASTIUUE.

mauvaises affaires ont conduits devant tous les degrés de la justice humaine, ditesle : y avez-vous jamais entendu prononcer le nom d’un ecclésiastique, créancier ou débiteur ; demandeur ou défendeur dans aucun litige ? Jamais , assurément ; et si j’ose ici réveiller un instant les souvenirs publics sur deux hommes, dont l’un même n’était pas Français, et que I Église avait condamnés avant que les cours d’assises en eussent fait justice, c’est que ces deux seuls exemples au milieu d’un siècle dont les oreilles et les yeux sont incessamment ouverts sur les moindres égarements ecclésiastiques, sont une des plus complètes démonstrations du caractère et des qualités du clergé français auquel nul autre ne saurait être comparé. Ouest-ce, en effet, que deux et même qu’une seule brebis coupable parmi les trente mille prêtres que notre Église compte dans son sein ? et quel corps ecclésiastique de l’Italie, de l’Allemagne, du Portugal, de l’Angleterre, de l’Espagne et des deux Amériques fournirait, comme le clergé français, le tableau de si giandes, de si générales vertus, unies ii tant de pauvreté , de dignité, de lumières !

Depuis que, enseveli désormais dans quelques momies législatives, académijues et municipales , l’esprit voltairicn a cessé d’inventer et de publier les prétendus méfiiits ecclésiastiques, on voit, au contraire, la vérité succédant à la calomnie, les feuilles publiques journellement remplies des traits de courage, de dévouement, •de bienfaisance, accomplis par des prêtres qui pourraient se borner à recommander les œuvres qu’ils pratiquent. C’est le saint prélat de la capitale qui, dans toute l’intensité d’une maladie contagieuse, ne quitte plus les hôpitaux et se charge des orphelms que le fléau mortel a laissés à son inépuisable charité ; c’est un jeune vicaire qui se préci])ile dans les flots pour en retirer, au péril de sa propre vie, l’imprudent ou l’insensé qui allait y périr. C’est celui-IA qui brave les dangers d’un incendie pour sauver la chaumière du pauvre, ou l’établissement industriel qui nourrissait un grand nombre d’ouvriers. C’est celui-ci qui se jette entre deux hommes, égarés par un faux point d’honneur, et qui entraine A une sincère réconciliation ceux que la haine portait à s’égorger. Il n’y a pas de jour, enfin, que la publicité, mieux éclairée, ne révèle quelque action généreuse de ceux que naguère elle chargeait de torts et de crimes.

Méprenons les plus près de nous.

^4unidiiier des collèges de l’université, c’est avec douleur sans doute, mais sans découragement, que le prêtre offre aux élèves des instructions et des exemples dont l’efficacité est au moins affaiblie par l’indifférence ou l’éloignemenl des supérieurs de ces pensionnats officiels.

Aumônier des maisons de détention , et moins gêné par les gardiens de la prison que par les geôliers du collège, il laisse (|uelquefois dans l’âme et presque toujours dans la bourse des malheureux qu il visite des secours mieux reçus et mieux employés que le monde ne l’imagine.

Il n’est plus possible d’esquisser les effets de l’intervention et de la présence de rccclésiasli(pie sur les vaisseaux de l’État et dans les régiments de l’armée, puisque, depuis 18.30, il a été décidé que nos soldats et nos marins, malades, blessés ou mourants , pouvaient très-bien se passer îles disiractii)ns , des consolations ou des forces