Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/439

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I.A KKiVIiVIl’ : DI- : Mli^AGK. 551

<i Madiiiiu’, (lis :iille vieux fiiiivoii en rinppiint obsliiiéinonl sur le l)i ;is ilii l’.iulonil dans lequel il élail doué par la youdc. vous me ferez niourii, eela esi sùi .

— Mais...

— l’aisez-vous, laise/.-vous. vousdis-je ; vous voulez inassassineiavi-c ces poiles ballaules ([ui nie hiiseiil le eiàue. Voulez-vous i)ieu vile fermer celle porle ? Mlezvous-eu. 11

Et la |)auvie femme se reliiail, le cnnir moililié el les lainiesaux yeux, mais pour icvenir le leiulemaiu. Le lendemain loul élail oublié.

Un jour pourlanl l’orafjc avait été plus violent (|ue de coutume ; la colère du vieillard élail montée h un diapason si éleé (pi’il lui loulhcoup saisi d ini transp(Ul frénétique, et (pii ! se renversa raideet filacé dans son faulcuil ; la fjoulte élail remontée au cerveau. Trois mois durant, celle pauvre femme fjarda jour el nnil le elievel du vieillard inseusé. Elle ne l’aliandonna pas d’une seconde ; ses économies de iuf ;l années se passèrent en remèdes de toutes sortes, les soins les plus assidus fuieni prodiiiués au malade, les plus habiles médecins le visitèrent, rien ne lui épai ?;né pour le sauvei-. Il mourul.

Il fallait voir alors la s(mdirc donlein de celle femme se reprocliani celle mon comme un crime. Elle resta près ilu corps jus(|u ii ce i|n’on vînt l’enlever de son firabal ; sunnonlani sa douleiii’, elle l’accompagna elle-même, seide, ii sa deiiiière demeure ; el quand la terre eut lecouvertle cercueil, seulement alors elle se relira. Huit jours après, elle s’élei^nil sur nu lil d’IiApilal ; elle fut enlerrée dans la fosse connnune, caril ne lui reslail de loules ses économies passées qu’une boniieaclion : elsi la récompense en est au ciel, cela ne préserve sur cette lerre ni <lc l’Iiôpilal ni de l’oubli.

En général, la femme de ménage nourrit une grande prédileclimi pour les célibataires. Je n’oserai affirmei- que ce soit en liainedu dieu d’hyménée, dont aulielois elle eut tant à se plaindre ; toujours est-il qu un ménage de garçon est ce qui lui convient le mieux, soit que Tisolemeni rapproche ces deux natures incomplètes, soit qu’une certaine parité de goûts et d’opinion les ramène vers un but commun. Il arriveassez fréquemment que sur le déclin de sa carrière la femme de ménage, abjurant ses répugnances malrimonialeset ses prévenlionsd’autrefois, s’unisse pardes liens indissolubles à quelque vieux garçon dont l’Iionuêle médiocrité est depuis longtemps l’objet de sa convoitise, après avoir été le résultat de son écouomie et de ses soins, H est une vérité qui se reproduit à l’état d’axiome dans toutes les sociétés anciennes et modernes, qui revêt toutes les formes, qui emploie tous les moyens, quels qu’ils soient, pour arriver au grand jour et se faire admettre. On la retrouve au théâtre et dans les livres, dans les jouruaux et dans les salons, a la campagne et "a la ville, partout en un mot ; celte vérité, la voici : de tout temps les domesliijues ont volé les maîtres. Cela est incontestable : hàtons-nons toutefois d’ajoulerque la temme de ménage n’est pas un domestique.

La femme de ménage est un exemple vivant jeté sur la lerre pour démontrer h tous que l’immortalité de l’Ame n’esl pas une uloiiie, el (|ue les peines de la vie présenle ne sont (]u’nue expialimi piémalurée des joies de la vie future. Telle est du