Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/449

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I.K MAliliL ; DÉ TU D lis. 53.)

une lâche, et, il faut le dire à son lionneui , il est bien rare qu’il ne donne pas rexemple à ses élèves.

Le niaîtie dVtudes par vocation , à cause de sa rareté, et pour sa scrupuleuse exactitude dans racconiplissement des devoirs de sa cliarge, est avidement rcclieiché par les chefs d’institution. Il le sait, il a la conscience de son ^-cnie . la conviction de son inipoitance ; et n’est-ce pas naturel ? Malheurcnscment son lan ;;ai ;e se ressent de la honne opinion qu’il a de sa personne et tourne souvent à la prclenlion. Une cliose qui le blesse, qui l’iirite, la seule partie de son état qu’il renie c’est le nom qu’on y attache : maître d’études ! quel litre peu sonore ! quelle expression dépourvue de noblesse ! L’indignation le saisit, h ce mot : aussi quand il écrit en province , gardez-vous de croire qu’il ajoute à son nom cette dénomination qu’il méprise ; il signe membre de l’Université de Paris. A la bonne heure ! voila un titre ronllant ! voil’a une qualit(’ ! On peut, on ose la dire ; quel effet ne produit-elle pas sur ses parents, sur ses amis du département ? Cependant, comme ce titre est trop général, son araour-propre en a inventé d’autres : demandezlui ce qu’il fait , il vous répondra qu’il est préfet des études et censeur des retenues.

Le maître d’études par vocation a des parties de son caractère qui ne lui sont pas propres, mais qui appartiennent ’a toute l’espèce. Parmi ces signes dislinctifs , le plus distinctif peut-être, c’est la sécheresse de corps. Le maître d’études est communément maigre, ce qu’on peut attribuer, soit à l’impatience continuelle qu’il éprouve, soit h la nourriture saine et abondante dont il se repaît. Sa (igure et ses mains osseuses sont , pour me servir de l’expression technique , culottées par le soleil des récréations ; et depuis que la révolution de ^830 a proclamé le rè"ne de la moustache, il s’est fait un de ses plus dévoués sujets. 11 ajoute cet agrément aux favoris qu’il possédait seuls jadis, et il y tient tant, que l’on peut dire, je croîs avec raison , que « si la moustache élait bannie de la terre , on la retrouverait sur la lèvre d’un maître d’études. « Sa tournure est roide et guindée ; enOn il a ce jr ue sais quoi dans l’ensemble qui le fait deviner sous le costume le plus brillant comme sous l’haliit le plus misérable.

Voyez-le dans l’exercice de ses fondions : sa tête est couverte d’une calotte de drap noir, oud’uoe casquette, dont il se sert jusqu"a ce qu’elle le quitte ; il est vrin d’une redingote "a la propiîétaire, ornée nécessairement de deux poches sur le côlé, dans lesquelles il introduit habituellement ses mains. Et son pantalon , presque toujours noir au fond , mais gris en apparence et dépourvu de toute espèce de souspied

  1. , fait de vains efforts pour tomber sur une botte ordinairement large, carrée el

poudrée.

De même qu’il a adopté un costume pour son métier, il s’est fait un langage de classe qui a passé de l’un "a l’autre, et qui, revu , corrigé et augmenté, a fini par composer un formulaire généralement suivi, .insi, pour réclamer le silence, il vous dira qu’il vent entendre une mouche voler. Dieu sait quelle quantité prodigieuse d’imitations du fameux quos ego... il a faite pour rappeler h l’ordre. Le premier qui parle... el il s’arrête, sûr de son effet ; ou bien : cent vers... et il ne nomme pas celui