Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/453

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LA FRUniÈKE.

LAN !) OU s’esl promené dans Paris, et «jnc Ton a passé en revue ces l)ouliqups ëlincelantes de tloriirc, aux marbres précieux, aux glaces riciionienl rnra<hées , jL.C^Y’ï' véritalilcs salons oii le clialand confus n’ose pas eiitrei-, ^^^Ji el dont il s’éloigne avec son argent , on s’arrête avec

!,^- :r..’- 1 plaisir devant le modeste clalage de la fruitière. Rien 

,’ ;; n’est plus frais, et ne repose plus agréaliiement les I yeux et la pensée.

Malgré le désordre apparent de l’hunihle l)OUtique, un ordie secret a piésidé à rarrangemenl des fruits et des légumes. Ils pendent en grappes , se réunissent en gerbes, s’élèvent eu pyramides , ou gisent confusément épars. Des carollen éclatantes, des oignons, et de longs poireaux verts et blancs encadrent la devanture comme d’une ricbe guii lande. Plus bas s’étalent, suivant la saison, des bottes àc navels ou d’asperyes, des aubergines et de gros choux cabus qui contrastent avec leurs frères aristocratiques, les élégants choux-fleurs. Derrière cette espèce de rempart s’abritent tour a tour les petits pois, les haricots dans leur cosse fragile , les cerises, les groseilles et les framboises ; tandis qu’en dehors, près de la porte, un potiron, gardien muet et peu vigilant . pose gravement sa masse rabelaisienne sur un escabeau boiteux. A ces produits de nos climats que manque-t-il, pour être admirés, qu’une origine exoticiue.' lit pourtant les troi>iques, si lieis de leuis bananes, de leurs dattes et de leurs ananas, outils des fruits plus savoureux et d’un ambre plus flatteur que nos pêches et nos abricots, plus vermeils que nos pommes d’api, plus parfumés que nos fraises des bois, plus rafraîchissants et mieux colorés que nos groseilles et nos cerises.’ Tous ces trésors sont placés sous lœil et sous la main des passants , à la portée des Au