Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/459

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riMiidiiloiisoinonl iMclireiliiiissamoUctlfi beiii rc. A quoi ne iloil-cllc pas s’allciulro ’ Apprenez qu’ello a fail un rêve, cl quelle a vu <|uclqiie chose d’effrayant, diint le souvenir la poiirsuil ; quelque chose enlin qui la menace de lous les iiiallieurs et qu’elle ne peut inlerpnlor d’une nianitMC un peu rassurante. — Celait un uialou , un matou noir !

La naluie de quelques-uns de ses articles ne lui permet pas d’avoir un chat, cet ami déclaré, ou, si l’on veut , cet ennemi du fromaire ; car tant d’amour ressemble presipie à de la haine. Klle remplace souvent le lue d’un perroquet par un qrni ou une /)("(’, ces pcrro(|Ucls de la petite propriété ; oiseaux bahillards, qui lui font un concurrence redoutable. Mais , le plus communément, elle suspend à coté de sa porte une cai ;e qui renferme un cliardonneiet ou un serin. Le petit chanteur, bien fourni de mouron et de millet, et entouré de verdure, se croit au milieu d’un jar- ■ din , et , dans cette douce illusion , il ne se lait pas de tout le jour. Il est des fêles réservées ou la fruilicres’arrache enlin h cetétioit domaine qui est" piuir elle un univers ; des occasions solcnm lies où elle s’avenlure à visitei- les Tuileries , les musées , et , mieux encore , le Jardindcs Piaules. Il nefaut rien moins que I arrivée "a Paris d’une parente ’a qui l’on veut faire les honneurs de la capitale. La fruitière s’csl parée de ses plus brillants atoui s ; son mari, cet être de raison , apparaît enlin en chair et en os, et enlicreraent semblable aux autres hommes. Il est chargé d’un ample parapluie rouge, et donne le bras à sa femme. Le couple patriarcal s’avance lentenieni au milieu des inerveillesque le progrèsenfante tous les jours ; il jouit de l’étonnement delà provinciale , que la vue de tant de belles choses semble pétrilier, et s’étonne lui-même "a l’aspect des maisons et des trottoirs élevés et construits depuis sa dernière excursion. Il reconnaît à peine les quartiers qu’il a parcourus autrefois : il s’égare au milieu des rues nouvelles , et se voit contraint de demander son chemin dans Paris. Pour des Parisiens quelle humiliation ! Les tableaux de nos musées, qu’il s’efforce de comprendre et qu’il explique a sa manière, lui causent plus de fatigue que de plaisir. Il n’est véritablement heuieux’qn’au Jardin des Plantes : il se pâme d’admiration devant les ours ; il ne les quitte que pour aller h l’éléphant , et de la à la girafe qu’il s’obstine "a appeler girafte ; il tressaille d’effroi au rugissement du ligre et du lion, et se communique mainte réflexion sur la férocité de l’hyène et le naturel licencieux du singe.

Ainsi vieillit la fruitière. Peu "a peu l’âge a courbé sa taille et roidi ses membres. Llle est encore rieuse et d’humeur facile ; mais elle a perdu la vivacité de ses mouvements. Qui lui succédera ? Klle a une lille dont elle est lière, et qu’elle déclare être son vivant portrait. Simple et pi osalque en ce qui la regarde elle-même , à force d’amour maternel elle devient romanesque, et rêve pour son enfant un état propre et sans fatigue , une vie sans travail et , finalement, un riche mariage. Les blanches mains , les doigis effilés de son Angélina sont-ils faits pour soulever de grossiers légimies’ ?

Non, sans doute. Aussi mademoiselle sait-elle lire, écrire et broder. Elle 

seia ouvrière en robes, modiste, artiste peut-être ; elle ne sera pas fruitière, ce qui eût été plus sûr.

Lu malin la boutique s’ouvre [ilus tard qu"a l’ordinaire, el l’on y voit avec éton-