Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/51

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LI.TI m >T i : iMiiir r. ci

S’il ira point de femme pour lui pi’éparer ses i-epas à domicile, réliidianl en droit peut choisir entre une miillilude de restaurants dont les fastueuses afticiies lui (jai-antisseiit , moyennant dix-huit sons, une alimentation saine et ahoiidiinle. l’onpon. Viol , Rousseau ! reslauranls trop calomniés ! comme Figaro, vous Valez mieux (|ue voire répulation ! La malice seule a |)u accuser vos innocents cuisiniers de transformer une tôle de cheval en tète de veau , et de présenter un angora sous la fallacieuse appaience d’iui civet. Vos hiflecks sont peut-être tliiriiisciiles- , vos houillons Irop aipialiipics. iisiiachis léj’,èi’t'uifnt siis|)ecls : mais vous n’eu méritez pas moins l’estime et la pialii|iii’ de ipiii-ompie |Mls^i■(ll■ uneàme sensihle, un estomac complaisant, et dix luiil sous dans sa porh :’. Laisse/ crier les diffamateurs, respcclahles sanctuaires de la gaslriinomie au raliais : tant qu’il y aiu’a une Kcole de droit à Paris, vous conliiuiei-ez d’offrir à une foule toujours croissante vos demi-potages à dix centimes, et vos canards aux riaxels à six sous la porlion. Si l’on nous demande à cpiels sijjnes extérieurs on peut l’econnaJIre rétudiani eu droit, nous répondrons (pi’ll ne s’Iiahille pas à la dernière mode, mais qu’il crée une mode tout exprés pour lui. Il laisse volontiers croilre ses cheveux et sa barbe, quand il eu a, atin , dit-il, de ne pas ressembler à un épicier : mais avant de se présenter devant les examinaleui-s, il a soin de faire dispai’ailre ces attributs anarcliiques. H ressemble par la coiffure à im membre du club des Jacobins, et |)ar la royale à un seigneur de la cour de Louis XIII. On l’a vu jadis segloritiei’ d’un chapeau giis cl d’un gilet rouge à la R(d)es|iierre. Aujourd’hui, qu’il soit ou non du Béarn , il adopte le béret et la ceinture rouge, |iarce qu’il trouve à ce cosliune une couleur locale. Une pipe colossale est l’accessoire obligé de l’éludianl : fumeur intiépide , il parfiuiie les passants des bouffées nauséabondes du tabac de la légie. La tête de sa pipe, plirs ou moins culoiiéc, offie Limage d’un Turc, de Henri IV, de Robert Macaire, de Fiauçois l" , de Sainl-Just , etc. Son cœur bondit de joie lorsqu’il parvient à se procurer une chibon(|ue algérienne ou un houka indien , et qu’étendu sur son canapé gaiiii eu velom’s d’Ltrecbt rouge, il .se donne une tournure orientale. Hoi du (piartier Latin, il domine au théâtre , il domine à la taverne , il domine dans la rue. L’hôtelier le res|)ecte, le restaurateur le désire, le cafetier le regarde avec amour : son crédit est solidement posé, car ses )AYenXi sont bien ; à lui le haut du pavé, à lui les gracieux sourires des jeunes fdles. Sultan sans rivaux, il dispense ses faveurs à son gré, et rappelle les beaux temps de la galanterie française en faisant offrir des brevets de beauté et de grâce sous la forme de bouquets aux dames qui fréquentent les loges des tliéàlres du Paulliéou et du Luxembourg. Entre tous surgit un caractère plus tranché, que les étudiants appellent /’«mtotheur. Ses confrères se permettent l’eslaminet et la guinguette à titre de distraction : le bambocheur y jiasse ses jours. 11 entre à la taverne à dix heures du malin, déjeune amplement, C(Misomnie une intuiilé de petits verres et de chopes, fume un nombre considérable de pipes , joue au pi((uet et au billaid . et le soir . à une heure avancée, se mêle à des chanirsiiiii ijiaiilenl à gorge déployée :