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18 L’KTUDIANT V.S DROIT.

i|ii ;irlici- Laliii , vas(e (’ariip iloiil les avaril-posfess’étendenl crtin cntt’ Jiisqu’aii Poiil-Neiif, cl de l’aiid-e, jusqu’à la harrière (rKiifci-.

Le nouveau débarqué es ! iusiallé ; il a pris sa première inseripliori ; il a rlioisi ses professeurs ; il a fail sa première apparition au cours, où il aura soin de s^e montrer le moins possible. Que lui faut-il encore ? Une femme , une compagne qui partage avec lui les peines de la vie, et qui lui cire ses bolles ! Il se met en quéle, et un de ses compatriotes, élève de deuxième année, dont les l)elles manières et la conversation solide ont ébloui la haute société de son endroit pendant les vacances, a été chargé par les excellents parents de notre novice de guider sa jeune expérience à travers les écueils de la Babylone maudite ou le jeune hérilicr n"a é !é abandonné qu’en Iremblant. Pénéiréde sa mission, le Mcnloi’ inlriiduil dès le lendemain de son arrivée son jeune Télémaque au l)al Mimlesquieu, aulanl pour le roinpi’esans retard aux bonnes babiludes (|ut’ pour reirouver ses anciennes connaissances personnelles. Une coniredanse et deux galops ont suffi pour lier inlimement noire jeune homme à une élégante danseuse qui répond au nom d’Irma , Amanda, ou aulre nom de la même famille. Elle est sage à n’en pas douter , car elle a refusé de donner son adresse ; mais noire étudiant l’a bientôt reirouvée. 11 l’épie et l’ai’rèle au passage sur le frottoir de la rue Dauphine, enveloppée d’un long tartan, la tôle encadrée dans un bonnet de velours noir, le bras passé dans un large cabas d’osier, garde-meul)le inséparalde de la majorité féminine de notre excellente capitale, elles pieds protégés par une ch.uissure éi|uivoi[ue. Sous ces dehors peu favorables, l’élndianl en droit a reconnu la taille élégante et les jolis yeux de sa danseuse : il faut ajouter qu’il a deviné un cœur tendre et di’s (pialilés pbysifpies et morales qui lui suflisent. Son choix est fait, le pacte d’alliance est signé sur une table de la (irande-riiaumière du Mont-Parnasse. Là vous ne reconnaissez plus la pauvre tille dont les souliers épargnent de la besogne aux balayeurs. Elle est pimpante, élégante, élilouissantc, frisée, i>omniadée, attifée, charmante à voir ; elle porle une capote de liatiste . imc idbe de mousseline, des bas blancs, et une écharpe de crêpe bleu.

Les amours de l’éludiant et de la grisette ne sont |)ointde ces liassions échevelées qui pleurent dans les drames modernes, et bientôt il ne la traite guère mieux qu’une servante, la charge de ses commissions, lui envoie chercher du tabac , de l’eau-devie et du jambon. Lorsqu’il régale ses amis, c’est elle qui, avant de présider au festin, fait cuire les côtelettes et met le couvert. Il faut le dire à sa louange , la grisette se prête merveilleusement à toutes ces fonctions de ménage, qui la rendent indispensable et lui donnent un air de fenniie mariée. Heureuse si les vacances seules interrompent le cours de celte liaison trop passagère, si elle peut dire adieu en pleurant à son époux temporaire, qui lui promcllra de lui écrire ! Mais souvent, las du ménage, l’ingrat songe à recon(piérir sa liberté. 11 clierclie(|uerelle à sa femme, l’accuse d’infidélité, et, à force de brouilles préparatoires, arrive à une rupture définitive. C’est un de ses amis qui lui succède, et la malheiu’euse fille passe de main en main comme un billet à ordre, comme luie iccoiniaissance du monf-d<’piélé, jusqu’à ce ipie, vieille, et Fanée, elle tombe insensiblement au dernier degié de la drpr.iNatioM.