Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/55

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i ;ktl m A.M’ i ; iiiunr. 23

Lv piorlicnr ne coiiiiail ni les iiliiisirsiii les Mincis alUuliés à l,i |iriiiiij ;alik’. I.lif laiit tt |)i’es(|iie falnileu, c’est un jt’un« liomme sans fnrluiie qui veiil faire sou ciieriiln , ose lire Durariton, el affronle sans pâlir les volumineuses collections d’arréls de Dallo/ et de Sirey ; il se place clie/ un avoué, et au bout de deux ans de travaux assidus, il obtient enfin l’importante fonclionde troisième clerc : il ira loin ! Il n’es ! guère d’éludianl qui ne devienne pioclmir au moins une fois paian, car ra|iiiniclie des examens cause dans lecpiarlicr I.alin nue iiei’liu’lialion coiiiplèje, ini branle bas jjénéral : on se met à l’iruvre, on court an codes lonjjlemps né|jlij ;és, on veille, on ne sort pins, on défend sa porte, on >,"enterre tout vivant avec li(i ;;i’on el Du Caurroy ; on anal se . on dissèi|ni’ le texte des lois, et an boni de si semaines de fatigues, on arrive souvent à èlrc refusé : alors la iciimc crie a l’injnslici’, el irai le les professeurs de sciU-ints.

Trois, cpialre ou cin(| ans sntïisi’nl à la majorilé di’s étudiants poursorlii’ vain- (pieurs de leurs cini| éiireuves, y compris la tlièse. Il est facile de recoiniallre dairs la salle des Pas-I’erdns celui ipii ient d’avoir riioimeur de prêter le sern)ent d’avocat. Il se pavane dans sa ro’)e di’ louage, le gonflement de sa poitrine soulève son rabal jaunâtre, il poi’le sous le bras un énorme porlefciiillc bourré de papiers (|ui simulent les dossiers absents , invile ses connaissances à venir le voir au |)alais , les promène dans les conbnr.s , el . s’il aperçoit ipulipie notabililéjudiciaire , soulèvesa toque à un demi-pouce de son fioni , poiu’ persnadei- aux profanes qu’il est en relation avec la susdite notabilité.

L’admission au stage a élé pour le licencié en droit le sujet d’ini inextricable l’inbarras. Les règlements de r<n’ili’e des avocats exigent que le candidat occupe une cbanibn» convenable au |)remiir (oi au secimd élag’,el <|u’il possède une biblio-Ibècpu’ sufHsaiument garnie de livres de jurisprudence. Car le licencié deineui’ait place Sorbonne , au cinipiiènie au-dessus de l’enli’esol , el n’avait , en fait d’oin rages de droit , que les cliansons de Béranger, les contes de Vollairc , le Coiamt s.ninl, wn volume dépareillé d’un roman de Paul de Kock , et quelques autres bouquins. (Irace au ciel, un de ses amis, boninie d’affaii’cs , lui a conlié les clefs d’un n)agnilii|ue appartement. Le licencié a donné son adresse au local de son ami, el le rapporteur chargé de décider si les conditions r’equises étaient remplies a élé émereillé qu’un débulanl aussi jeune fui si splendidement logé, que la bibliollièque fiil si nom"breuse et si bien clioisie, et le biu’ean si encombré de paperasses et d’actes de toute espèce.

Dans les conférences, où des étudiants cl de jinnies avocats apprennent l’arl de défendre la veuve et l’orpbelin, l’avocat stagiaire plaide avec autant d’empbase que d’érudition. Il cite les coutumes et le Digesie, Polbier et Gains, et assaisonne sa harangue de mots latins.

«Oui, messieurs, dit-il, dans la question (pii nous occupe, notre adversaire est /JcmiH.scr/rrtHPHi. C’est l’amour du gain qui le |ioiisse, cciYat de liino cfipuiiulo ; Uudis que nous, messieurs, eciltaïun de danmu vilando.’it

L’avocat stagiaire aime à prévoir les arginnenis de la partie adverse, et il est rare de ne pas ivnconlrcr dans son discours ifu on trois phrases (pii commencent en