Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/65

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I., FKMMK COMMIi II, F I T. 31

iiii ni.irliMU |iai Ifiifaiil qui sort du coilci ;e , ainsi (|iie par lo joiii-iialislc iiljscur , a démoli les iiiaiiiiiHcMicos de l’étal social. Aujourd’hui , tout dr(l(’ qui pcnl rotivenableuifiit soutenir sa Icli’ sur uu imI , couvrir sa puissaiilc poitrine d’Iioniine d’une demi-aune de salin en forme de cuirasse, montrer un front 0(1 reluise un génie apocryphe sous des cheveux bouclés, se dandiner sur deux escarpins einis ornés de eliausseKes en soie qui coulent six francs , tient son loripion dans une de ses ai’cades sourcilières en plissanl le haut de sa joue, et filt-il clerc d’avdné. (ils d’enircpreneur ou hâlard de banipiicr, il toise imperlinemmentla plus jolie duchesse, l’évalue quand elle descend l’escalier d’iui Ihéàlrc, et dit A son ami panlalonné par Blain , habillé par Buisson, gilelc. gaulé, cravaté par Bodier ou par l’erry, njoiilé sur ernis comme le premier duc cmu : "Voilà, mon cher, une femme comme il faut.» Les causes de ce désastre, les voici. Un duc (pielconcpie (il s’en rencontrait sous Louis XVIII nu sous Charles X, qui possédaient deux ceni mille livres de rente, un magnili(pic luMel, un domestique somplueux pouvait encore Olre un grand seigneur. Le dernier de ces grands seigneurs français, le prince de Talleyrand , vient de mourir. Ce due a laissé (|ualre enfants , dont deux fdies. En supposant beaucoup de bonheur dans la manière dont il les a mariés tous, chacun de ses hoirs n’a plus que ccnl mille livres de rente aujourd’hui ; chacun d’eux est père ou mère de plusieurs enfants, conséquemmenl, obligé de vivre dans un a|qiartement au rez-de-chaussée ou au premier étage d’une maison, avec la plus grande économie. Qui sait même s’ils ne quêtent pas une fortune 1’ Dès lors la fennne du HIs aine n’est duchesse (pie de nom : elle n’a ni sa voiture , ni ses gens , ni sa loge , ni son temps à elle ; elle n’a ni son appartement dans son hôtel, ni sa fortune, ni ses babioles ; elle est <’nterrée dans le mariage ("omme fuie fenune de la rue Saint-Denis dans son commerce ; elle achète les bas de ses chers petits enfants, les nourrit , et surveille ses filles, qu’elle ne met |)lus au couvent. Les femmes les plus nobles sont ainsi devenues d’estimables couveuses. Noire époque n’a plus ces belles fleurs féminines qui ont orné les grands siècles. L’éventail de la grande dame est brisé. La femme n’a plus à rougir, à médire, à ehucboler, à se cacher, à se montrer ; l’éventail ne sert plus qu’à s’éventer ; et quand une chose n’est plus que ce ipi’elleest , elle est trop utile pour appartenir au luxe. Tout en France a été complice de la femme comme il faut. L’aristocratie y a consenti par sareiraileau fond de ses terres, où elle a été se cacher pour mourir , émigrant à l’intérieur devant les idées comme à l’étranger devant les masses populaires. Les femmes qui pouvaient fonder des salons européens, commander l’opinion, la tourner connne un gani , dominer le monde, en dominant les hommes d’art ou d^’iiensée qui devaient le don)iner, ont commis la faute d’abandonner le terrain, honteuses d’avoir à lutter avec la bourgeoisie enivrée de pouvoir, et débouchant siu’ la scène du monde pour s’y faire peut-être bâcher en morceaux par les barbares (|ui la talonnent. Aussi, là ou les bourgeois veulent voir des princesses, n’aperçoil-on que des jeiuies personnes comme il faut. Aujourd’hui les princes ne trouvent plus de grandes dames à compromettre, ils ne peuvent même plus illustrer une femme prise au hasard. Le duc de Bourbon est le dernier prince (|ui ait usé de ce privilège, et Dieu sait seul ce qu’il lui en coûte ! Aujourd’hui les princes ont des femmes comme il faut, obligées de payer en commun