Page:Les Français peints par eux-mêmes - tome I, 1840.djvu/93

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I.K KM’IX. 35

course, ou s’il se poiuicl de preinlic pai t h une n)ueisaliiiii i|ui lui esi éiiaiim’ie . il peut s’alteiulie ;i toul. l’.t s’il iinppose pas aux liacasseï ics iloiil il est iclinie la douceur la plus iiiallérahle, la plus parlaile rési^’iialiou ; s’il l’ail uiiue de se fùclier, s’il se gendarrae , niallieurà lui ! Mors l’affaire devient i)lus sérieuse ; on ne se lioiiie pas aux divers genres de plaisanteries ci-dessns luenlionnés. Celle fois, on le saisit de vive force par le milieu du eor|« ; on se met troisou cjualrc pour l’iipéialiou . selon la résistance (pi’il oppose ; et l’infortuné est atlacliéde son long sur une échelle, attaché les pieds en l’air cl la lête en bas, s’il vous plaît ! Après (|Uoi l’échelle est replacée contre la innraille. jns(|u’au UKiinent lixé|)iiur la coniiililc expiation du délit. I n anlie cliAlinicnl iniligé a Théodore quand il se niuline. consiste ]i placer un pot d’<'an, par exemple . au-dessus de la porte de l’atelier, il l’instanl (iii l’héodore va entrer, hinlile de dire ijne le pol "a l’eau est loujonis disposé de manière ;i ce que Théodore ne |)uisse faire moins (|ne d’èlre inondé.

Ceci me rappelle une histoire autlienliijue arrivée chez M. Gros, el (pii trouve nalurellenient ici sa place. — In jour, M. dros avait invité deux Anglais "a visiter ses tableaux, ne se doutant pas qu’un sien lapin était en disiiràce auprès’ de ses élèves. M. Gros entre donc dans son atelier, précédé des deux Anglais qui marchaient du pas le plus grave du monde, quand tout ’a coup, la porte étant tout h l’ait ouverte, le bruit d’un objet qui tondje se fait entendre, et les deux Anulais sont couverts à la fois d’eau fraîche et de contusions. Grande fui la peine de M. (Iros pour faire comprendre, et surtout pour faire accepter la plaisiinterie a ses hôtes. M. (Iros tira sans doute de l’aventure cette moralité, que l’ou gagne toujours quehjue chose a pratiquer la politesse. Lui seul, en effet, eùl été viclinie. s’il eût en la fantaisie de passer le ]iremier.

Mais cependant, pour tant de déboires, quels sont les plaisirs de Théodore ? quelles sont ses consolations ’ ? (pi’a-t-il (|ui lui fasse jtrendre en patience son martyre" :^ Hélas ! minces sont les plaisiis de l’infortuné, minces ses consolations. Onand il est las de servir de jouet aux élèves, ou plutôt quand les élèves sont las de se jouer de lui ; quand un moment de lépit lui est accordé pour reprendre haleine , il allume une pipe et essaie de fumer. S’il a cpielques sous dans sa poche, il va même jus(]u’au cigare à bout de paille. Triste divertissement pour lui . je ^^ous assure ! Car, comme il n’est pas encore passé maître dans cet exercice, il ne manque jamais d’être malade avant la On de son plaisir. Mais qu’importe ! il a oublié au moins le préseut durant quehpies minutes. — Durant (pielipies minutes, avant que le mal de couir lui vienne, il laisse envoler son âme avec la fumée de sa pipe vers un avenir doié. Il se voit sorti de la caverne où il souffre, il est peintre ’a son tour ; à son tour, il a des élèves et des rapins sous ses ordres : il fait des tableaux que l’on expose et qui sont salués avec admiration par la foule, et que Ion couvre d’oi- et d’argent. — Courte est la chimère, cependant ! Le tabac n’est pas à demi consumé encore, que le malheureux Théodore sent sa lête tourner et son cœur fondre : ses jambes défaillent : sa pipe tombe et se brise ; el , pour surcioît , les élèves , charmés de l’aventure . et satisfaits (le la lon ;;neni- de l’entracte, recommencent a le tourmenter. On ima^ii(> bien (juau milieu de tous ces ennuis . de toutes ces tribulations, le