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LES JÉSUITES


adoucir les peines que cette loi impose à tous les mortels, qui est de résister au mal et aux sollicitations de la chair rebelle, qui ne veut point se soumettre aux ordres que le souverain des êtres lui marque, ces bons pères, hommes comme les autres, mais infiniment savants et pénétrants en toutes choses, se sont fait une morale particulière et commode, une religion à part, remplie d’une science secrète et charmante pour eux, qui les dispense des chagrins et des remords qui déchirent les âmes et les consciences délicates, et ces religieux goûtent par là, sans inquiétude et dans une tranquille paix, tout ce que la nature a formé de plus doux, pourvu que l’extérieur, qui est leur tout, soit composé d’hypocrisie et de dévotion apparente, qui frappe à coup sûr les yeux et le cœur de ceux qui ne les connoissent pas. Voilà le fidèle portrait des pieuses personnes de qui je décris la belle humeur sans en rien déguiser.

Le père De la Rue qui fait le bigot autant qu’on le peut faire, il n’y a pas longtemps, ayant prononcé le beau panégyrique du défunt maréchal de Luxembourg dans la maison professe de Paris et tâché de bien persuader ses auditeurs, combien ce grand général avoit vécu chrétiennement, quoique l’on sût le contraire, n’ayant toujours été qu’un impie et un homme sans religion, le duc de Montmorency, fils aîné du maréchal,