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LES JÉSUITES


gnonne, ne vous fâchez pas de vos péchés qui sont grands ; car, selon notre doctrine, je trouverai le moyen de les amoindrir et de les rendre véniels par un autre qui vous est encore inconnu, et de vous en décharger entièrement, pourvu que…

Ninon (c’est ainsi que nous l’appellerons, étant son nom de baptême) parut touchée de la bonté de son confesseur, et le remercia de toutes les forces de son âme ; et comme elle n’avoit pas encore eu beaucoup l’usage du monde, la pauvre enfant ne songea point au cas malicieux que le religieux se réservoit, qui étoit de lui payer cette bonté qu’elle croyoit dégagée de tout intérêt. Enfin, la jeune fille se sentant la conscience délivrée de son fardeau, voulut sortir du confessionnal en demandant la bénédiction du père De la Rue qui l’arrêta par le bras, et lui dit en lui jetant des regards amoureux que ses charmes lui avoient fait naître : — Ne vous en allez pas sitôt, mademoiselle, j’ai encore quelque chose d’important à vous dire touchant votre pénitence. — Eh ! que voulez-vous de plus, mon père ? repartit-elle fort pieusement ; ne m’avez-vous pas tout dit ? — Non, ma jolie enfant, mon bel ange, reprit le jésuite en s’approchant de son oreille, je ne vous ai point fait connoître ce qu’il falloit que vous fissiez pour expier les fautes dont vous êtes chargée. — Il est vrai, mon révérend père, répondit la