sant et tendre qu’elle ne seroit pas fâchée
de le connoître à fond, la jeta sur un petit
lit, où il lui en montra toutes les merveilles.
Ninon en parut très-contente, et le religieux
l’ayant instruite du nom de toutes
choses, et de tout ce qu’elle devoit faire et
dire quand elle seroit mariée par un des moines
de Saint-Denis, il la quitta après l’avoir
serrée tendrement dans ses bras, et l’avoir
assurée que ses péchés lui seroient toujours
pardonnes, pourvu qu’elle l’aimât fidèlement,
et qu’elle lui donnât quelque petit rafraîchissement
de tems en tems. — Mais,
mon père, interrompit la demoiselle en l’arrêtant,
croyez-vous que j’oserai, étant mariée,
vous voir et vous donner ce que vous
me demandez ? — Oui, mon petit ange, répliqua
le père en souriant, que craignez-vous ?
d’offenser le front de votre époux ?
Bon, c’est une bagatelle, ajouta-t-il fort
sérieusement : les femmes de notre siècle ne
sont plus si simples que de se conserver entièrement
pour leurs maris. — Je le veux
bien, répondit la demoiselle en éclatant de
rire, adieu, nous songerons aux moyens de
nous voir.
Le père De la Rue, ayant remercié sa sœur de la complaisance qu’elle avoit pour lui, s’en retourna chez lui le plus content du monde, repassant dans son esprit les douceurs qu’il avoit goûtées avec sa pénitente, à qui il avoit donné, comme vous le voyez,