à deux jeunes conseillers du Parlement, qui
copioient les fous et les baladins, et qui sortoient
d’un lieu de débauche, une pasquinade
sur une oraison funèbre du maréchal de
Luxembourg. Le premier disoit à son camarade
en criant de toute sa force : — Dis-moi,
Arlequin, qu’est-ce que j’entends dans ces
rues ? Il semble que le monde court cette
nuit le bal, et je ne vois que des masques.
— Es-tu fou ? lui repartit l’autre en éclatant
de rire, c’est l’oraison funèbre du
grand François-Henri de Montmorency,
duc de Luxembourg. — Est-il donc mort,
cet honnête homme ? lui repartit Pasquin
avec étonnement, et où l’a-t-on prononcée ?
dans quelque synagogue ? — Tu te railles,
mon ami, reprit l’autre fort sérieux ; étoit-il
juif ? — C’est donc dans quelque mosquée ?
répliqua-t-il brusquement. — Bon, c’est
encore pis, étoit-il turc ? — Eh bien, ne
te fâche pas, Arlequin, interrompit-il en
riant de toute sa force, est-ce chez les huguenots
ou bien dans quelque église catholique ?
— Non, rien de tout cela, mon ami,
dit le dernier comme fâché, tu n’es qu’un
animal qui ne pénètre aucun mystère : c’est
chez les révérends pères jésuites qu’on l’a
prononcée cette belle oraison, qui fait tant
de bruit. — Tu dois m’excuser, mon cher,
répondit Pasquin en enfonçant son chapeau
sur sa tête, je ne croyois pas que cette
pieuse société eût une religion à part ; cela
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LES JÉSUITES