le veux bien, mon père, interrompit brusquement
le père Bourdaloue, qui enrageoit
que l’on eût découvert de la manière ses
amours ; et dès ce soir, si vous le voulez,
vous jouirez du même bonheur qui me rend
si fortuné ; la belle ne manque pas d’appétit,
vous la trouverez seule dans sa chambre
sur les dix heures du soir, qui est le rendez-vous
ordinaire qu’elle me donne ; mais ayez le
plaisir de ne vous point faire connoître et de
passer toujours pour le père Ravissant : c’est
de la sorte qu’elle m’appelle. Voilà un habit
de cavalier que je lui ai dit que je prendrois
à présent, afin de me mieux déguiser. —
Il faut avouer, mon cher, répondit le père
gardien en l’embrassant, que je vous ai des
obligations infinies de faire part de vos plus
grands plaisirs ; apparemment que c’est une
beauté achevée que cette dame, et c’est en
quoi je vous suis plus redevable. — Je ne vous
ferai point son portrait, mon père, repartit le
jésuite d’un air politique, il suffit que vous
la voyiez, et je m’assure qu’un homme de
discernement comme vous lui rendra justice,
et me trouvera heureux d’avoir fait une découverte
si charmante où l’on se perd agréablement.
— N’en parlons plus, mon frère,
reprit le père gardien d’une façon tendre,
vous me faites venir l’eau à la bouche, et je
ne sais si mon impatience me permettra de
vivre jusqu’à ce soir, qui me va paroître un
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EN BELLE HUMEUR