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LES JÉSUITES


tendrement aimé. C’est ce qu’il lui reprochoit un jour étant avec elle au bord de la forêt de Saint-Germain, où il l’entretenoit seul de sa passion, pendant que le docteur faisoit cueillir des simples dans le bois pour faire quelque composition. Ah ! s’écria la belle avec assez d’indifférence, je ne saurois que faire, mon père, si je ne vous aime pas tant que vous le voulez ; mon cœur ne peut se soumettre aux caresses que vous exigez de moi. Quoi ! ajouta-t-elle froidement, est-il possible que les personnes de votre caractère soient si susceptibles à l’amour qui n’est que le partage des mondains ? — Eh ! madame, de grâce, répondit le père le Comte d’un air doux, ne criez pas si haut ; vous savez que nous sommes hommes comme les autres, quoique nous fassions tout notre possible pour ne pas succomber à la tentation de la chair qui nous sollicite plus que les autres, parce que nous sommes privés des rafraîchissemens de la vie. — Eh ! qui vous empêche, mon révérend père, reprit la dame en riant, de vous rafraîchir ? Tenez, voilà de l’eau qui est admirable ; j’aime mieux garder votre robe, afin que vous ayez le plaisir d’éteindre le feu qui vous incommode. — Ah ciel ! madame, répliqua le père d’un ton passionné, tous les fleuves de l’Océan ne seroient pas capables d’éteindre le brasier que vous avez allumé dans mon cœur. — Est-il possible, mon père, reprit la dame en sou-