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LES JÉSUITES


meilleure heure que de coutume, il usa un pot d’onguent à se frotter les fesses qui étoient plus rouges et plus ensanglantées qu’un veau qu’on a écorché, et le mal qu’il souffrit à son pauvre cul lui fit garder le lit plus de quinze jours, le fomentant tous les jours de nouvelles drogues.

Les pères De la Rue et Bourdaloue, qui le connoissoient pour un bon frère aussi bien qu’eux, le visitoient souvent, et lui demandoient avec tendresse ce qu’il avoit ; mais le père Le Comte, aussi rusé en fait de galanterie que pas un d’eux, ne leur voulut jamais dire son aventure, étant bien sûr qu’ils n’en feroient que rire, quoiqu’ils dissent le contraire. Le pauvre religieux disoit toujours aux pères supérieur et gardien qui le venoient visiter qu’il avoit une fièvre quotidienne qui l’incommodoit fort, et que cela passeroit avec le tems.

Laissons-le donc se guérir, et retournons au médecin qui découvrit une autre amourette du révérend père La Chaise, confesseur du roi. Ce docteur demeuroit au faubourg Saint-Antoine, qui est le lieu où ce jésuite a une belle maison où l’on se divertit de toute manière. Le médecin, étant fort satisfait d’avoir châtié le père Le Comte, et n’ayant aucun respect pour les jésuites à cause de leurs morales criminelles, se faisoit un plaisir de les observer. Tous les soirs il voyoit entrer au clair de la lune un jeune page qui