doient au criminel. — Qu’entendez-vous donc,
mon père, par faire péché ? — Ma fille, vous ne
pouvez pas comprendre cette doctrine, ni les
thèses du péché philosophique qui guérit
les âmes de tout scrupule, dit le père La
Chaise ; il faut bien des choses pour faire
un péché qui nous damne. C’est ce que tout
le monde ne comprend pas, et ces belles lumières
ne sont réservées qu’à notre société
qui en tire une morale ravissante, et c’est
pourquoi on l’appelle la morale des révérends
pères jésuites par admiration ; les
saints qui l’ont goûtée en ont été ravis en
extase. — Il faut que ce soit quelque chose
de bien charmant, mon cher père, s’écria la
belle, pour ravir de la manière les âmes. —
Rien n’est plus sûr, mademoiselle, et nous
tirons ces belles thèses et ces lumières admirables
du grand Bellarmin, du subtil Baronius
et de plusieurs autres illustres personnages
tout-à-fait sublimes.
Le jésuite, ayant fini sa conversation avec le joli page, le renvoya comme à son ordinaire, en lui recommandant avec soin de ne pas différer à se servir de la poudre infernale qu’il lui avoit donnée. C’est ainsi que ce saint religieux l’appelle.
Le lendemain, il fut à Petit-Bourg voir madame de Montespan pour qui il a beaucoup d’estime, et qui étoit à sa terre ; l’ayant trouvée fort triste, il lui en demanda la raison. Cette dame l’ayant prié de faire un tour