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LES JÉSUITES


l’embrassant, je crains d’être grosse. — N’est-ce que cela, ma chère qui vous chagrine ? répliqua le jésuite en souriant, ne vous mettez pas en peine, je saurai défaire ce que la nature a fait. — Et comment ferez-vous, mon père ? répondit la demoiselle un peu tranquille. — Demeurez en repos seulement, dit-il en lui serrant la main, et je vous guérirai.

Ce religieux n’eût pas plutôt achevé de parler qu’il se leva et courut dans un petit cabinet, où il avoit plusieurs rares secrets des saints pères, et lui apporta une petite boîte contenant une poudre qu’il avoit reçue des cordeliers ses bons amis, et qui étoit admirable pour faire avorter le fruit des filles qui se sont trouvées en pays perdus, avec un petit écrit qui étoit dessus, qui contenoit ces termes : Science merveilleuse éprouvée plusieurs fois sur les religieuses du couvent de Montmartre. Vous prendrez, dit-il, cette poudre dans du vin tous les matins à jeun pendant l’espace d’un mois, après quoi, vous courrez bien vite du haut en bas de la maison, et puis laissez faire le remède. — Mais, mon père, interrompit la demoiselle, n’y a-t-il point de péché à prendre cette poudre ? — Qu’appelez-vous péché, ma chère, interrompit le scélérat en riant ; rien n’est souillé dans le monde que ce que nous voulons qui le soit. L’homme seroit un esclave, ajouta-t-il, si toutes les actions ten-