votion couvre les plus grands défauts, et
cache toutes les imperfections des plus criminels.
— Mais, mon père, interrompit la
marquise en soupirant, quand on n’a pas
un grand penchant à devenir dévote, que
faut-il donc faire ? — Bon, madame, vous
voilà bien embarrassée, dit le bon père :
soyez-le en apparence, et cela suffit. Il n’en
faut pas davantage pour sauter aux yeux
du monde qui ne demande que le faste, sans
se mettre en peine de l’intérieur, et quant
à Dieu et aux saints, nous saurons bien faire
votre paix ; nous avons un bon avocat qui
plaide nos causes en paradis, qui est notre
saint patron. — Je prends donc le parti,
mon père, dit la dame, d’être dévote, afin
de faire quelque figure dans le monde. — La
figure en est fort agréable et fort profitable,
madame, répliqua le jésuite d’un air monachal ;
car l’on peut parvenir quelquefois à
de grands avantages par une dévotion bien
composée qui doit frapper sensiblement les
personnes. Voyez, ajouta-t-il, madame de
Maintenon ; elle n’est parvenue à l’établissement
de Saint-Cyr que par là ; et l’on peut
dire à présent que cette pieuse femme ne
craint rien du côté de la fortune, et qu’elle
aura toujours de quoi subsister, quand
même le roi viendroit à mourir. L’on ne
peut la déposséder de la maison qu’elle a
fondée. — Ah ! mon révérend père, ne me
parlez pas de cette femme, interrompit la
Page:Les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, 1874.djvu/83
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
EN BELLE HUMEUR