y but plusieurs bouteilles de bon vin à la
santé des maîtresses absentes, et, comme
la bonne chère leur avoit échauffé l’imagination,
chacun sentoit une grande envie de
voir la sienne ou celle d’un autre ; mais,
comme il falloit garder des mesures, les
choses ne se pouvoient faire à leur fantaisie.
Enfin, après avoir bien des fois excommunié
leurs doctrines qui leur causoient tant de
mal, ils résolurent entre les pères De La
Rue, Bourdaloue et Le Comte, d’envoyer
chercher la plus forte maquerelle de Paris
qu’ils connoissoient bien, et qui étoit de leurs
amies.
Dame Quinette, fort affamée d’argent, se rendit aussitôt à la maison des bons pères qui lui promirent tout ce qu’elle voudroit, pourvu qu’elle leur envoyât de jolies filles déguisées en novices. La maquerelle, voyant la grande nécessité de ces religieux, qui lui avoient dit combien ils souffroient, courut promptement ramasser toutes les dames de joie qu’elle put trouver, sans se mettre en peine si elles étoient vérolées ou non, trouvant qu’un gibier de cette nature étoit assez bon pour des jésuites affamés des plaisirs de l’amour. Entre autres il y avoit Marie Binot, belle comme un ange, bien faite, mais garnie de vérole jusqu’au bout des ongles.
Ces novices passèrent la nuit avec les bons pères à les divertir, et chacun voulut goû-