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LES JÉSUITES


elle, qu’il demanda au père La Chaise, qui ne pouvoit presque revenir de sa surprise, s’il pouvoit aussi donner des leçons à son joli page. — Oui, très-bien, monseigneur, lui dit le jésuite, qui voyoit que le mystère étoit découvert ; prenez-en par où il vous plaira ; vous voyez que le morceau n’est pas méchant.

L’archevêque, sans faire davantage de façon, fut trouver la demoiselle qui n’avoit pas osé se lever, et lui dit en l’embrassant : Souffrez, charmante écolière, que je vous donne une leçon qui sera aussi bonne que celle du révérend père. La belle qui aimoit fort d’être caressée, ne s’opposoit que foiblement et seulement pour la bienséance. L’évêque de Noyon en fit autant, si bien qu’après que le jésuite leur eut avoué son commerce de bonne foi, la demoiselle demeura commune entre eux trois, ce qui cimenta une grande amitié entre ces prélats qui gardèrent le silence longtems, et le valet n’en eut aucune peine, parce que l’on travailla à le justifier.

Il arriva que quelques mois après l’aventure du père La Chaise, tous les révérends pères jésuites de la maison professe de Paris, voyant les pères supérieur et gardien dehors du couvent pour quelques affaires, voulurent se régaler, et pour ce dessein ils firent apprêter un souper magnifique, où rien ne fut oublié de ragoûtant et de délicat. L’on